La rapide baisse de l'inflation en Chine devrait permettre au gouvernement d'agir pour stimuler l'activité et répondre au recul de la croissance dans la deuxième économie mondiale, dont les exportateurs souffrent de la crise en Europe, selon les analystes.
La hausse des prix à la consommation, annoncée lundi par le Bureau national des Statistiques est tombée en juin à 2,2% sur un an, son plus bas niveau depuis janvier 2010, lorsque les prix n'avaient progressé que de 1,5%.
Sur l'ensemble du premier semestre 2012, l'inflation en Chine s'est élevée à 3,3% sur un an, nettement en-dessous de l'objectif de 4% arrêté en mars par le gouvernement.
La Chine est aujourd'hui confrontée à une baisse de sa croissance que devrait confirmer vendredi le chiffre très attendu de la hausse du Produit intérieur brut (PIB) pour le deuxième trimestre.
Après avoir progressé de 10,4% en 2010 et de 9,2% l'an dernier, le PIB a augmenté de seulement 8,1% au premier trimestre.
"Le ralentissement de l'indice des prix va donner de la marge de manoeuvre à la banque centrale pour stabiliser l'économie", a déclaré à l'AFP Tang Jianwei, économiste de la Bank of Communications basé à Shanghai.
"Auparavant, la banque centrale devait maintenir un équilibre entre les pressions inflationnistes et le ralentissement de la demande", a-t-il expliqué.
La pression inflationniste a de fait disparu en Chine au mois de juin, les prix à la consommation ayant chuté de 0,6% sur un mois par rapport à mai, tandis que les prix à la production, qui constituent un indicateur avancé de la hausse des prix à venir, ont diminué de 2,1% sur un an le mois dernier.
La Bourse de Shanghai a fini la journée sur une baisse de 2,37%, les investisseurs ignorant la baisse de l'inflation et s'inquiétant plutôt des indicateurs attendus en fin de semaine qui devraient souligner le ralentissement économique en Chine, selon les courtiers.
"Les chiffres de l'inflation aujourd'hui montrent que la déflation pourrait devenir un sujet d'inquiétude plus important que l'inflation", a réagi Ren Xianfang, économiste chez IHS Global Insight basée à Pékin.
L'alimentaire fait grimper les prix
Les prix à la production ont baissé en juin pour le quatrième mois consécutif. "Il faut remonter à la crise financière mondiale (de 2008) pour observer un glissement aussi prolongé des prix à la production en Chine", relève encore cette analyste.
"La baisse du prix des matières premières ces derniers mois est une cause importante de la chute de l'inflation" hors prix alimentaires et énergie, relève pour sa part Ma Jun, économiste de la Deutsche Bank basé à Hong Kong.
Les prix alimentaires, qui affectent en priorité les ménages les plus modestes, ont progressé en juin de 3,8% sur un an et restent le principal moteur de la hausse des prix, mais leur progression a nettement ralenti par rapport à mai, lorsqu'elle avait atteint 6,4%.
Hors alimentation, les prix à la consommation n'ont augmenté en juin que de 1,4%, comme en mai.
La baisse de l'inflation permet au gouvernement d'assouplir sa politique monétaire, ce que la banque centrale a fait jeudi dernier en baissant les taux d'intérêt directeurs pour la deuxième fois en un mois.
Dimanche, le Premier ministre Wen Jiabao a appelé à "de nouvelles mesures pour accroître l'efficacité des ajustements préventifs", alors que "l'économie chinoise est stable dans l'ensemble, mais que la pression à la baisse (de la croissance) est relativement forte".
Les économistes s'attendent pour les mois à venir à de nouvelles baisses de taux d'intérêt et des réserves obligatoires des banques, afin de leur permettre de prêter davantage.
Lu Ting, de Bank of America - Merrill Lynch, prédit deux baisses de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) des taux d'intérêt de référence d'ici la fin de l'année ainsi que trois baisses de 50 points de base des réserves obligatoires.
La baisse de la croissance en Chine est notamment due aux exportations, qui n'ont progressé que de 8,7% au cours des cinq premiers mois de l'année, par rapport à la même période de 2011. L'an dernier, leur hausse s'était encore élevée à 20,3%.
Les exportateurs chinois souffrent notamment de la crise en Europe, leur premier débouché, tandis que la demande intérieure peine à prendre le relais comme moteur de la croissance.