Des producteurs européens de lait venus à bord de centaines de tracteurs manifestaient jeudi à Bruxelles à l'occasion d'un sommet des dirigeants de l'UE, pour protester contre la chute des prix qui met selon eux leur existence en danger, a constaté l'AFP.
Selon les organisateurs, un millier de tracteurs étaient présents, et quelque 2.000 manifestants. La police avait compté pour sa part en milieu de journée 700 tracteurs.
Les protestataires, venus d'Allemagne, de France, de Belgique, des Pays-Bas mais aussi de Suisse, ont enflammé en plusieurs endroits des pneus sur la chaussée sur une grande avenue menant au quartier des institutions européennes, distant de quelques centaines de mètres.
Certains ont fait plus de 800 kilomètres à bord de leurs engins, causant de gros bouchons sur les autoroutes puis dans les avenues de la capitale belge.
La situation était globalement calme, mais la police restait fortement mobilisée. Les forces de l'ordre ont déployé des centaines d'hommes, installé des barrières et déployé des chaînes cloutées sur la chaussée pour empêcher les engins d'accéder au bâtiment où les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont commencé à arriver pour leur sommet semestriel.
Du coup, une partie des manifestants, environ 500, sont descendus de leurs véhicules pour se rassembler près du lieu de la réunion.
Les producteurs de lait, confrontés à une chute brutale des prix du fait notamment de la crise économique, manifestent depuis des mois pour obtenir un relèvement des tarifs, via notamment une limitation de la production dans l'Union européenne, ainsi que des aides financières.
La chancelière allemande, qui fait face dans son pays à un mouvement de grogne particulièrement intense, a fait savoir qu'elle entendait discuter de cette question avec ses collègues lors du sommet de l'UE, officiellement consacré aux questions institutionnelles européennes et à la crise financière.
"Prix équitables!" ou "Nous ne voulons pas mourir", pouvait-on lire sur les affiches brandies par les agriculteurs, qui se faisaient entendre à coups de klaxons et de pétards.
La Commission européenne a jusqu'ici annoncé quelques aides très ciblées en faveur du secteur, mais elle se refuse à remettre en cause sa politique très décriée dans certains pays en matière de quotas de production de lait.
L'UE s'est engagée dans une politique de libéralisation du secteur passant par un relèvement progressif des quotas laitiers, avant leur disparition prévue début 2015. Ces quotas avaient été mis en place en 1984 à l'origine pour limiter la production et éviter ainsi que les prix ne baissent, mais ils ont ensuite conduit à une sur-production chronique.
Face à la crise actuelle, les producteurs français et allemands demandent qu'on revienne sur leur augmentation et sur leur suppression.
Une rencontre entre une délégation du secteur laitier et la commissaire européenne à l'Agriculture, la Danoise Mariann Fischer Boel, prévue en milieu d'après-midi, a été annulée à la demande des agriculteurs.
"Nous sommes là pour faire réagir les politiques et pour réguler le marché", a déclaré un manifestant français, Bernard Mouton, venu de Maubeuge dans le Nord de la France avec sa famille.
"Il faut une baisse de 5% de la production et arriver à un prix de 40 centimes le litre", alors qu'il n'est négocié qu'à un peu plus de 20 centimes actuellement en France, a-t-il ajouté.
S'ils ne sont pas entendus, les producteurs menacent de faire la "grève du lait" en jetant leur production à l'égout.