Une cinquantaine de manifestations de paysans étaient prévues jeudi dans les principales villes de Colombie, dont sept pour la seule capitale, Bogota, pour réclamer notamment un soutien accru au secteur agricole.
Les paysans ont lancé le 19 août un mouvement illimité dans l'ensemble du pays avec des manifestations et des blocages de routes. Jeudi, 72 barrages entravaient la circulation sur 37 artères de huit régions du pays, selon le ministère de l'Intérieur.
Le président Juan Manuel Santos, qui se bornait jusqu'à présent à vouloir négocier - sans succès - région par région, a officiellement reconnu jeudi que le secteur était "en crise" et a formulé plusieurs propositions dans une allocution télévisée jeudi matin.
Les paysans ont "plusieurs arguments et protestations valables", a reconnu M. Santos au 11e jour du mouvement. "Nous avons mis sur la table une série de solutions de court terme", a ajouté le président, évoquant des mesures pour contrôler le prix des engrais et des intrants et pour freiner l'importation de produits de contrebande.
Au sujet des 48 manifestations urbaines autorisées de jeudi, le président colombien a demandé qu'elles "se déroulent de manière tranquille et pacifique". Ces marches, comme d'autres ces derniers jours, doivent être soutenues par les syndicats du secteur pétrolier, des transporteurs routiers et de l'enseignement public ainsi que par des étudiants.
Les paysans colombiens protestent pour réclamer l'établissement de prix planchers pour certains produits ainsi que la baisse des prix des intrants agricoles. Les petits agriculteurs veulent aussi des garanties en matière d'accès à la terre et de constitution de réserves paysannes, sortes de communautés autonomes, une politique favorable aux petites exploitations, ainsi que de meilleurs services publics dans les campagnes.
Ils dénoncent également les Traités de libre échange signés par la Colombie, qui selon les paysans ouvrent la voie à un dumping sur les produits importés et empêchent de subventionner les secteurs productifs nationaux.
Depuis le début du mouvement, des heurts sporadiques entre paysans et forces de l'ordre sur les barrages routiers ont fait deux morts (un policier et un manifestant) et quelque 350 blessés, selon des sources concordantes.