Pour la première fois depuis 2008, l'Allemagne a dégagé un excédent public au premier semestre, un heureux augure pour le bon élève de la zone euro qui veut limiter son déficit annuel à 0,5% du produit intérieur brut malgré une croissance qui ralentit.
Sur les six premiers mois de 2012, les finances publiques de la première économie européenne ont été excédentaires de 8,3 milliards d'euros, soit 0,6% du PIB, selon les données publiées jeudi par l'Office fédéral des statistiques Destatis.
C'est la première fois depuis le premier semestre 2008, donc depuis le déclenchement de la crise financière de 2009, que cela se produit.
Mais l'Office a tenu à relativiser ce portrait flatteur, en expliquant que ces chiffres ne prenaient pas en compte des corrections nécessaires sur certaines recettes et dépenses pour être conformes aux critères de Maastricht, ces corrections n'étant appliquées que sur les données annuelles.
Cela n'augure donc pas nécessairement d'une année positive. D'ailleurs, dans sa dernière prévision, en juillet, le gouvernement allemand prévoyait un déficit public d'environ 0,5% du PIB, en se basant sur les critères européens.
Une prévision qui apparaît à présent prudente à l'économiste Alexander Koch de UniCredit. Selon lui, "un léger surplus des finances publiques est devenu plus probable".
L'excédent public du premier semestre s'explique par un large excédent de 11,3 milliards d'euros du système public de protection sociale, qui grâce au bon état du marché du travail et à la hausse des recettes fiscales, a plus que compensé le déficit de 3,3 milliards d'euros enregistré par l'Etat fédéral, les Länder et les communes.
"Mais avec une économie qui ralentit, la croissance des recettes fiscales devrait ralentir au second semestre", avertit Thomas Harjes, économiste de Barclays Research. Néanmoins il estime aussi que "le déficit général pourrait se dévoiler moins important qu'attendu".
Destatis a par ailleurs confirmé jeudi un ralentissement de la croissance du PIB allemand, qui a été de 0,3% au deuxième trimestre par rapport au premier, où elle avait été de 0,5%.
Au deuxième trimestre, la croissance allemande a bénéficié une nouvelle fois de la vigueur des exportations (+2,5% par rapport au premier trimestre), lesquelles ont davantage augmenté que les importations (+2,1%).
Mais la croissance a aussi été soutenue par la consommation intérieure, celle des ménages (+0,4%) et des dépenses publiques (+0,2%), ce qui a pu compenser un repli des investissements, notamment dans les biens d'équipement comme les voitures et les machines-outils (-2,3%), qui ont enregistré leur troisième baisse trimestrielle d'affilée, a détaillé Destatis.
Les économistes s'attendent toujours à un rythme encore plus modéré de la croissance allemande au second semestre, en raison du recul de la demande pour les exportations allemandes dans les pays de la zone euro en crise et aussi à cause du ralentissement de l'économie chinoise.
L'indice PMI de l'activité privée en l'Allemagne en août, publié jeudi, a donné une impression contrastée, avec une amélioration inattendue dans le secteur manufacturier mais un recul sensible dans les services, qui a fait baisser l'indice composite.
Pour se faire une idée plus précise du tableau de l'évolution de la conjoncture en Allemagne dans les mois à venir, les économistes guetteront particulièrement le principal indice de confiance des entrepreneurs allemands, l'Ifo, qui doit être publié lundi pour le mois d'août.