Crédit Agricole confirme le redressement amorcé en début d'année avec un bond spectaculaire du bénéfice net de son entité cotée au deuxième trimestre, ce qui lui permet de se montrer confiant pour l'ensemble de 2013.
Délesté des éléments exceptionnels liés à ses participations en Grèce et en Italie, Crédit Agricole SA, véhicule coté de la banque verte, affiche un bénéfice de 696 millions d'euros entre avril et juin, selon un communiqué publié mardi.
Ce résultat est six fois supérieur à celui d'il y a un an (111 millions d'euros), voire douze fois sur la base d'un bénéfice 2012 ajusté des cessions d’Emporiki, Cheuvreux et CLSA (56 millions d'euros).
La banque avait déjà doublé son bénéfice au premier trimestre 2013, à 469 millions d'euros, au terme de deux exercices déficitaires.
"Le résultat du deuxième trimestre confirme les tendances des trois premiers mois de l'année", a commenté le directeur général de Crédit Agricole SA, Jean-Paul Chifflet, lors d'une conférence téléphonique, soulignant que "le groupe avance conformément à la trajectoire qu'(il s'est) fixée".
"Nous sommes en ordre de marche pour délivrer une performance durable et un résultat significativement positif sur 2013", a-t-il estimé, même si le contexte économique fragile couplé à "un environnement de trop lourdes contraintes pour les banques" conduit à "rester prudent à moyen et long terme".
Entre avril et juin 2012, des dépréciations en Italie et des charges liées à sa filiale grecque Emporiki, cédée depuis, avaient coûté près de 800 millions d'euros à la banque française.
En retraitant la réévaluation de la dette émise par le groupe pour son compte propre (qui est liée aux conditions de marché), le bénéfice s’établit à 673 millions d’euros au deuxième trimestre, à comparer à 293 millions d’euros en 2012, indique la banque qui a publié par erreur certains chiffres sur son site internet avant la parution officielle de ses résultats.
Au niveau du groupe Crédit Agricole, qui intègre la totalité du résultat des caisses régionales, le résultat du trimestre a également nettement augmenté à 1,39 milliard d'euros (+60%).
A titre de comparaison, sur la même période BNP Paribas a dégagé un bénéfice net en légère baisse à 1,76 milliard d'euros tandis que Société Générale a plus que doublé le sien à 955 millions d'euros.
Au delà des exigences de Bale III
En matière de solvabilité, Crédit Agricole affichait fin juin un ratio de fonds propres "durs" (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis) de 10% selon le mode de calcul qu'imposeront les normes internationales de Bâle III début 2019, soit l'objectif qu'elle s'était fixé pour la fin de l'année 2013.
Le groupe a également fait savoir que son ratio de levier (bilan rapporté aux fonds propres) s'établissait à 3,5%, au-delà du seuil exigé par Bâle III à partir de 2018.
La banque s'est félicitée de la baisse du coût du risque (provisions pour risque d'impayés) de 13,9% à 680 millions d'euros. S'il augmente légèrement dans la banque de détail en France, il diminue au niveau du crédit à la consommation.
Du côté de l'activité, le produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) de CASA a légèrement baissé à 4,39 milliards d'euros (-0,9%), mais celui des pôles opérationnels a progressé (+0,6%).
Par métiers, la banque de détail a bien résisté au niveau des caisses régionales (+3,4%) mais a reculé chez LCL (-4,1%) et à l'international (-5,9%).
En France, "la baisse du taux du Livret A et le retour de liquidités vers les banques de détail de ce qui allait à la Caisse des Dépôts va nous permettre de financer sans difficulté une augmentation des demandes de prêts, en particulier à l'habitat", a commenté le directeur financier Bernard Delpit.
Le pôle des services financiers spécialisés, qui intègre notamment le crédit à la consommation, s'est replié de 6,5% mais la banque de financement et d'investissement (BFI) a fini le trimestre sur une hausse de 3,6%.
Le groupe a fait baisser ses charges d'exploitation de 2,9% à 2,9 milliards d'euros sur le trimestre. Les économies viennent de la baisse des effectifs, "de l'ordre de 9 à 10% de trimestre à trimestre" selon M. Delpit, ainsi que du plan d'adaptation de la banque, qui vise une réductions de ses coûts de 650 millions d'euros d'ici 2016.