Les négociations entre syndicats et direction de la Brittany Ferries pour tenter de mettre fin à un conflit social qui immobilise à quai depuis vendredi les navires de la compagnie maritime ont été interrompues mardi soir et devaient reprendre mercredi, a-t-on appris de source syndicale.
Les négociations reprendront "demain à 15H00", a indiqué mardi dans un bref message reçu par l'AFP dans la soirée Jean-Paul Corbel, délégué CFDT.
"Il y a toujours des désaccords sur pas mal de choses", a indiqué pour sa part Cyril Toulan, élu CFDT au comité d'entreprise, joint au téléphone après l'interruption de la rencontre, confirmant la reprise des négociations mercredi.
"La direction veut toujours un accord global avant la reprise des bateaux, mais nous on ne va pas signer n'importe quoi", a-t-il ajouté, indiquant que les négociations achoppaient notamment sur l'annualisation du temps de travail. "Ils veulent que les gens travaillent 15 jours de plus" par an, a-t-il précisé.
Délégués CFDT et CGT du personnel navigant et direction négociaient depuis 09H00 au siège de l'entreprise afin de parvenir à la signature d'un accord-cadre devant servir de fil conducteur pour des négociations à venir en termes d'emplois, de salaires et de temps de travail.
"Pour l'instant les navigants sont remontés et pour eux il n'est pas question de lâcher quoi que ce soit", avait indiqué plus tôt M. Toulan, ajoutant que les marins à bord du Bretagne, à quai à Saint-Malo, avaient empêché dans la matinée la relève des officiers, "pour montrer leur mécontentement".
Contactée, la direction s'est refusée à tout commentaire.
Début juin, la compagnie, confrontée à des difficultés financières depuis plusieurs années, avait annoncé la suppression de plusieurs traversées avant et après-saison et la mise en place d'un plan de retour à la compétitivité, prévoyant la réduction de coûts salariaux par le biais d'une annualisation et d'un aménagement du temps de travail et de la suppression de certains avantages.
"Pas d'équité"
Mais les marins ne veulent pas renoncer à certaines primes. Ils refusent que ceux percevant des bas salaires se voient retirer des primes d'un montant plus élevé que ceux recevant des rémunérations plus importantes.
Ils souhaitent aussi que la direction adopte une clause de "retour à meilleure fortune", à savoir que les efforts consentis en termes de salaires soient limités dans le temps jusqu'à ce que les finances de la compagnie aillent mieux.
"C'est le petit qui donne et les gros salaires ne donnent pas, il n'y a pas d'équité", regrette Thierry Caboche, 49 ans, second de cuisine à bord du Pont Aven, bloqué le long d'un quai à Brest depuis vendredi.
"Tout le monde est prêt à donner, parce que tout le monde a envie de garder son emploi, mais pas dans les conditions qu'on nous propose", ajoute le cuisinier, embauché en 1990 et à qui l'on veut retirer, selon lui, une prime de 150 euros par mois sur un salaire de 1.900 euros nets.
La compagnie, qui dessert la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne, a décidé vendredi d'immobiliser ses bateaux jusqu'à nouvel ordre en raison des grèves à répétition de son personnel navigant et a intimé l'ordre aux marins de quitter les navires, ce que ces derniers ont refusé de faire.
Depuis, les passagers de la Brittany Ferries ont été réorientés vers les compagnies maritimes opérant sur Calais (Pas-de-Calais).
Créée en 1973, la Brittany Ferries (BAI SA) revendique 2,6 millions de passagers transportés par an, dont 85% de Britanniques. Un total de 2.500 personnes travaillent pour l'entreprise.