Le constructeur allemand Daimler, soupçonné par la Justice américaine d'avoir pratiqué des pots-de-vin à grande échelle, a ignoré des mises en garde contre des comptes suspects, selon le magazine Spiegel à paraître lundi.
Le magazine, qui s'est procuré un document de l'enquête, affirme qu'un ancien responsable de l'audit interne avait mis en garde le groupe en mai 2000 contre un système de "comptes étrangers internes" pouvant permettre d'effectuer des "paiements impropres à l'étranger".
"Il n'y avait qu'une visibilité minimale sur ces comptes, qui permettaient aussi de faire des paiements en espèces", souligne l'article.
Selon le magazine, le responsable de l'audit interne a proposé que son département contrôle tous ces comptes, identifie les paiements problématiques sur le plan juridique et "les ferme aussi vite que possible". Mais il s'est "heurté à des résistances" de la part de l'organisation commerciale du groupe, qui n'était selon lui "pas disposée à autoriser plus de transparence sur les paiements effectués via ces comptes".
Un an plus tard, ce responsable avait demandé la "fermeture complète de ces comptes", mais un dirigeant du département commercial s'y était opposé, poursuit Spiegel.
Selon une source proche du dossier, le constructeur automobile est prêt à payer 180 millions de dollars d'amende dans le cadre d'un accord avec la Justice américaine pour mettre fin à une enquête fondée sur des accusations de corruption.
L'accord à l'amiable doit mettre fin à une enquête pénale de la Justice américaine et à une enquête parallèle des autorités boursières portant sur des accusations selon lesquelles le constructeur aurait payé des pots-de-vin dans 22 pays, y compris la Chine, a précisé cette source mardi à l'AFP.