Un rapport parlementaire préconise la création d'un géant européen de la construction ferroviaire, sorte d'"Airbus du rail", pour faire face à la concurrence de groupes industriels chinois ou nord-américains.
Ce texte publié mercredi, dont l'AFP a obtenu copie, est le résultat d'une Commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la situation de l'industrie ferroviaire française, dont le président était Alain Bocquet (PCF) et le rapporteur Yanick Paternotte (UMP).
Ce secteur compte plus de 1.000 entreprises en France et quelque 20.000 salariés.
"À long terme, les constructeurs chinois auront une place de premier rang parmi les constructeurs mondiaux. Bombardier, groupe nord-américain, sera certainement présent lui aussi. Un géant européen -l'Airbus du rail- a du sens", souligne ce rapport.
Selon la commission d'enquête, le Français Alstom et l'Allemand Siemens "sont les candidats naturels à la création d'un tel groupe", mais elle évoque aussi l'Italien Ansaldo Breda, les Espagnols Caf et Talgo et le Suisse Stadler.
Avant de parvenir à un tel consortium, elle préconise de créer d'abord un équivalent du CERN, l'organisation européenne pour la recherche nucléaire, afin de "mutualiser les capacités d'études des grands groupes".
Un "Airbus du rail" poserait des problèmes de concurrence, reconnaissent les parlementaires, en s'interrogeant sur le rôle de l'Union européenne: "est-il de favoriser l'émergence de +champions européens+ ou d'assurer à tout prix le respect de la concurrence au sein de l'Union ?", demandent-ils.
Les députés souhaitent, d'ici un an, la création d'un Fonds de modernisation des équipementiers ferroviaires (FMEF), semblable à celui qui existe dans l'automobile. Il serait abondé à parité par l'Etat et les groupes Alstom, Bombardier et Siemens pour soutenir les sous-traitants.
Les parlementaires tancent les "incertitudes stratégiques récurrentes" de la SNCF, qui "compromettent le devenir de pans entiers de l'industrie ferroviaire".
Les députés veulent qu'elle rende publiques à l'automne 2011 "des perspectives d'investissement à cinq ans, concernant le matériel roulant (fret et voyageurs)" et qu'elle précise le modèle du "TGV de demain" pour lancer le programme de renouvellement de sa flotte.
Ils appellent aussi à revoir "d'urgence" la gouvernance d'Eurostar, pour que la participation de la SNCF au capital se reflète, après la controverse liée à l'achat de nouveaux trains à Siemens.
Il est "regrettable, que la SNCF se trouve à présent marginalisée au conseil d'administration d'Eurostar (elle ne dispose que de deux représentants sur douze membres) et quasiment exclue de sa gouvernance opérationnelle", bien que détenant la majorité du capital (55 %), insistent les parlementaires.
Ils souhaitent que soit lancé dès 2011 un programme de constructions de wagons, afin de "sauvegarder le savoir-faire français" dans le domaine du fret.