Le PDG d'Apple Steve Jobs annoncé lundi que le patron de Google, Eric Schmidt, ne siègerait plus au conseil d'administration du fabricant de l'iPhone et autres équipements informatiques frappés d'une pomme croquée, en raison de l'empiètement croissant de leurs activités.
M. Jobs, cité dans un communiqué, affirme que la décision a été prise d'un commun accord, tandis que M. Schmidt n'est pas cité.
Vendredi encore M. Schmidt estimait dans un entretien au journal Mercury News de San José, en pleine Silicon Valley, que la question d'un conflit d'intérêt entre les deux sociétés ne se posait pas puisque qu'il s'absentait des réunions au moindre doute.
Néanmoins M. Jobs, de retour à la tête d'Apple depuis un peu plus d'un mois après une greffe du foie, a souligné que Google, de partenaire, devenait de plus en plus concurrent, ce qui rendait la position de M. Schmidt intenable.
"Maintenant que Google pénètre de plus en plus le coeur de métier d'Apple, avec (les systèmes d'exploitation) Android et Chrome OS, l'efficacité d'Eric comme administrateur d'Apple sera très réduite, car il aura à se récuser de parties de plus en plus importantes de nos réunions pour éviter de potentiels conflits d'intérêt. Donc nous avons décidé d'un commun accord que c'était le bon moment pour qu'Eric démissionne du conseil d'administration d'Apple", a fait valoir M. Jobs.
Google, à l'origine présent strictement sur internet, ne cesse d'étendre sa présence dans tout le secteur des hautes technologies, avec le développement de systèmes d'exploitation et d'applications qui concurrencent ceux du géant des logiciels Microsoft, mais aussi d'Apple.
Pour l'analyste Douglas McIntyre, sur le site spécialisé 247WallSt, ce divorce qui ressemble à une éviction devrait intensifier la guerre larvée que se livrent les grands de la technologie américaine: "Schmidt pourrait avoir quelques mots bien appuyés à l'attention de Jobs quand il quitte son siège au conseil d'administration, quelque chose qui ressemble à 'rendez-vous sur le champ de bataille'", écrivait M. McIntyre.
Le marché en tous cas a salué lundi cette clarification des relations entre les deux géants californiens, valeurs vedettes de la Bourse, qui gagnaient 1,49 dollars à 165,85 dollars pour Apple, et 1,96% à 451,57% pour Google.
"Cela aurait dû arriver depuis longtemps, depuis que Google avait commencé à envisager d'entrer sur le marché des téléphones multifonctions" avec son système Android, disponible depuis l'automne dernier, a expliqué à l'AFP l'analyste indépendant Rob Enderle.
Le départ de M. Schmidt, 54 ans, du conseil d'administration d'Apple intervient alors qu'un accroc était survenu récemment dans les relations entre Apple et Google, avec l'exclusion de l'application Google Voice, offrant des fonctionnalités de téléphonie par internet, du catalogue d'applications de l'iPhone d'Apple.
Les autorités des communications américaines ont exigé vendredi des explications sur cette exclusion, qui pourrait avoir été décidée pour servir les intérêts de l'opérateur téléphonique AT&T, distributeur exclusif de l'iPhone aux Etats-Unis.
En mai, des informations de presse rapportaient déjà que les autorités de la concurrence (FTC) enquêtaient sur le possible conflit d'intérêt que représentait la présence de M. Schmidt au conseil d'administration d'Apple, où il siégeait depuis août 2006.
Vendredi encore, M. Schmidt estimait que sa double appartenance représentait "d'importants avantages" pour les deux sociétés, en raison du nombre de leurs partenariats.
Mais du côté d'Apple, son absence ne devrait pas trop se faire sentir, d'après M. Enderle: "à la fois pour Apple et pour Schmidt (son appartenance au conseil d'administration) était plus une question d'image que de substance, et je doute qu'on le regrettera. De toutes façons Steve Jobs tient son conseil d'administration, et même les grosses pointures (y siégeant) ont très peu d'impact".