La vente de jouets en ligne est en plein boom en France et devrait être dopée par l'arrivée du site marchand du leader du secteur Toys"R"Us, qui franchit le pas à trois mois de Noël.
L'année dernière, les ventes de jeux et jouets sur internet (hors jeux vidéo) ont totalisé 109 millions d'euros, en croissance de 24%, pour représenter 3,7% du marché, indique Christophe Portal du cabinet spécialisé NPD, tandis que le marché du jouet dans son ensemble progressait de 2,7%, à près de 3 milliards d'euros.
Bruno Bérard, président de la Fédération française des industries jouet-puériculture, évalue de son côté la part de marché du jouet en ligne "entre 7 et 9%", en croissance de 30%.
Malgré un taux de croissance à deux chiffres, "c'est un marché émergent", souligne M. Portal. "Même en 2009, les grands acteurs n'étaient pas encore totalement positionnés" et il y a "un gros potentiel de croissance".
Quand le "numéro un du marché du jouet en France se lance, ça change tout. Jusqu'à présent on avait des acteurs intéressants, mais qui n'avaient pas sa puissance de feu", analyse-t-il. "C'est la seule enseigne de jouets du marché français qui a un pied aux Etats-Unis", pays représentant un tiers du marché mondial. Ils savent "ce qui va marcher chez les enfants de demain".
Jusqu'à présent, il y avait des sites "ultra-spécialisés" comme Avenue des jeux ou le Lutin Rouge, quelques acteurs comme King Jouet, Jouéclub Express, ou Fnac éveil et jeux - l'actuel leader du jouet sur internet - et une pléthore de sites sur des marchés de niche, précise-t-il.
L'arrivée du groupe américain "renforce le rôle et la légitimité des spécialistes du jouet sur internet, au-delà de généralistes comme Amazon, Cdiscount et autres qui vendent des jouets mais parmi X milliers d'autres lignes de produits", estime pour sa part Philippe Gueydon, président de King Jouet, qui réalise en France "à peu près 3%" de ses ventes sur la Toile.
Fnac éveil et jeux, fraîchement rebaptisé Eveil et jeux, fait lui la moitié de son chiffre d'affaires en ligne, indique sa fondatrice Margaret Milan. Le site vient d'ailleurs d'être refondu, pour mieux mettre en valeur séparément le jouet et la puériculture.
Mais internet ne devrait pas supplanter les boutiques classiques. "C'est plus de la complémentarité que de la concurrence, une possibilité de capter des clients en amont, de leur amener de l'information", estime M. Gueydon.
"On va essayer de faire à peu près le chiffre d'affaires d'un magasin", indique le directeur général de Toys"R"Us, Gilles Mollard.
Les clients seront toujours demandeurs de conseils en magasin, estime Franck Mathais, porte-parole de la Grande Récré, qui se refuse à lancer un site marchand. "Les parents ont besoin d'être rassurés sur les produits, de les voir, les toucher, les essayer, voir la dimension que ça représente", explique-t-il.
Le site marchand permet surtout aux enseignes de recueillir de l'information sur les comportements d'achat, d'où l'accent mis sur le "social shopping" ou shopping communautaire.
"Les consommateurs peuvent échanger entre eux à propos d'un produit, le noter, lire les avis des autres consommateurs et échanger entre eux hors de notre site" sur Twitter et Facebook, indique Franck Poisson, directeur e-commerce de Toys"R"Us. Eveil et jeux vient aussi de se lancer sur Facebook.
"L'e-commerce va nous donner une mine d'informations. Cela va nous indiquer peut-être des priorités d'implantation", explique M. Mollard, estimant que le groupe américain, qui comptera 42 magasins dans l'Hexagone en France dans quelques semaines, a un potentiel pour 35 magasins supplémentaires.