L'accord récent entre l'espagnol Telefonica et le portugais Portugal Telecom montre l'intérêt croissant des grands opérateurs étrangers pour le prometteur marché de l'internet et de la télévision sur mobiles au Brésil, estiment les analystes.
Dans une économie en pleine forme, le marché brésilien des télécommunications est tiré par l'internet --qui compte 65 millions d'utilisateurs-- et la téléphonie mobile, utilisée par presque tous les 193 millions de Brésiliens.
Mercredi le géant Telefonica a annoncé l'achat des part de Portugal Telecom dans le brésilien Vivo pour 7,5 milliards d'euros, ce qui en fait l'actionnaire majoritaire du numéro un du téléphone mobile au Brésil, avec une part de marché de 30%.
De son côté, l'opérateur portugais a pris une participation de 22% dans le brésilien Oi, renforcé en 2009 pour devenir la grande entreprise de télécoms brésilienne. Celle-ci détient 20% du marché des mobiles au Brésil et est leader de la téléphonie fixe en Amérique latine.
Les autres grands opérateurs de la téléphonie mobile sont Claro, du mexicain America Movil, avec 25% du marché, et Tim, contrôlé par Telecom Italia avec 24%.
Ces quatre grands se sont lancés depuis quelques années dans une course sur le marché brésilien qui "a beaucoup à voir avec l'avenir d'internet et de la télévision sur téléphone cellulaire", estime le professeur d'administration à la Faculté d'ingéniérie industrielle (Fei), Manfred Back.
"C'est une bagarre qui n'est déjà plus pour vendre de la téléphonie mobile, mais pour vendre internet et, à l'avenir, la télévision sur mobile. Le marché est immense", a affirmé à l'AFP Manfred Back, qui estime à au moins 120 millions le potentiel de nouveaux clients.
Face à l'appétit étranger, le président Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé mercredi qu'il ferait tout pour maintenir Oi dans le giron national.
"Je peux garantir une chose, c'est que tant que je serai président, l'entreprise (Oi) restera une entreprise (sous contrôle) national", a-t-il dit. La puissante banque publique d'investissements BNDS est le principal actionnaire minoritaire de Oi.
Les annonces de Telefonica et de Portugal Telecom au Brésil sont "un pas crucial dans le long processus de consolidation des télécommunications dans ce pays", a estimé l'économiste Camila Saito, du cabinet de consultants Tendencias.
Avec cet accord, Telefonica, qui outre Vivo possède l'opérateur de téléphonie fixe Telesp, "va être sur un pied d'égalité avec Oi et va stimuler la concurrence sur le marché brésilien", a-t-elle dit à l'AFP.
Actuellement, le Brésil compte 185 millions d'abonnements au téléphone mobile et a terminé 2009 au 5e rang mondial derrière l'Inde, la Chine, la Russie et les Etats-Unis, selon l'Union internationale des télécommunications.
Toutefois, la qualité du service est souvent critiquée, les opérateurs étant les premiers visés par les plaintes des consommateurs, et les analystes craignent que les prestations ne s'améliorent pas avec la concentration en cours.
"Nous tous qui utilisons les services de télécommunication, internet, le téléphone cellulaire, nous savons que les services ne sont pas bons, qu'ils ne s'améliorent pas et qu'ils sont très chers", a résumé l'éditorialiste économique du groupe de presse Globo, Miriam Letao.
"Cette bagarre de géants va être une bagarre pour la domination du marché, mais je doute que le consommateur en bénéficie", a également estimé Manfred Black.