Après un premier semestre dopé par sa sortie d'EADS, Lagardère a maintenu son objectif de rentabilité annuelle malgré une baisse prévue des recettes publicitaires dans les médias.
Pour 2013, le groupe dirigé par Arnaud Lagardère a redit jeudi viser toujours une hausse comprise entre 0 et 5% de son résultat opérationnel courant (Résop) dans les médias, baromètre de son activité.
Et ce en dépit d'une baisse prévue des recettes publicitaires de l'ordre de 7% chez Lagardère Active, un pôle médias souvent inégal car il compte la production audiovisuelle (+43%) et la presse (-5,6%). Si la première tire souvent son épingle du jeu grâce à des productions des séries à succès comme les Borgia, la seconde est en plein marasme, plombée par la contraction du marché publicitaire et le repli de la diffusion (-7,6%), souligne Lagardère.
Sur les six premiers mois de l'année, le Résop média du groupe, indicateur très regardé par les marchés, a crû de 23% à 138 millions d'euros.
"Les bonnes performances (au premier semestre) chez Lagardère Publishing et Lagardère Active ne sont pas à extrapoler sur l'ensemble de l'année", a toutefois prévenu le groupe.
Car, ajoute-t-il, au second semestre, Lagardère Publishing sera confronté à un effet de comparaison plus élevé et à un repli attendu dans l'éducation.
Les bénéfices gonflés par une plus-value dans EADS
Mais le propriétaire du magazine Elle et de la radio Europe 1 mise sur la montée en puissance de ses activités numériques, dont ses dernières acquisitions BilletRéduc.com et LeGuide.com.
Au premier semestre, Lagardère a vu son bénéfice net s'envoler à 1,48 milliard d'euros, contre 36 millions sur la même période en 2012, grâce à une juteuse plus-value obtenue lors de sa sortie d'EADS.
En avril, il a vendu pour 2,27 milliards d'euros ses 7,4% de parts dans le géant européen de l'aéronautique et de défense, achevant ainsi son recentrage sur les médias.
Il a aussi cédé 25% de sa participation dans le groupe Amaury (Tour de France...) pour 91 millions d'euros.
Hors ces éléments exceptionnels, le bénéfice net ressort à 33 millions d'euros, contre 30 millions sur la même période en 2012.
Son désengagement d'EADS lui a aussi permis de diminuer fortement son endettement, qui passe de 1,729 milliard d'euros à 900 millions au 30 juin.
Malgré une baisse des revenus dans les branches Services -le plus gros contributeur aux revenus- et Unlimited, le chiffre d'affaires a légèrement progressé de 0,5% à 3,40 milliards. A périmètre et taux de change constants, les revenus sont inchangés. Les analystes de Bank of America Merrill Lynch attendaient un chiffre d'affaires à 3,47 milliards d'euros.
Cette activité soutenue s'explique par les "bonnes performances" en littérature générale (Lagardère Publishing, +3,1% à données comparables), en production audiovisuelle (Lagardère Active, +0,3%) et dans ses activités de distribution spécialisée (Lagardère Services, -0,8%).
Lagardère se réjouit notamment des ventes des tomes 2 et 3 de la saga Cinquante nuances de gris, de la biographie du footballeur du Paris Saint-Germain Zlatan Ibrahimovic et d'Inferno, le dernier roman de l'écrivain américain Dan Brown.
Il y a aussi une forte croissance de la distribution dans les aéroports ou Travel Retail, qui représente désormais 59% des Services.
Quant à l'érosion de la distribution de produits imprimés, qui pâtit de la mauvaise santé de la presse, elle se poursuit.
Après avoir esquissé un redressement au premier trimestre, les activités "Sport", regroupées dans la branche Unlimited et chères à Arnaud Lagardère, souffrent à nouveau.
Leur chiffre d'affaires a reculé de 7,1% à données comparables, en raison notamment d'un effet saisonnier défavorable.
Lagardère, qui envisage de maintenir son dividende ordinaire à un niveau stable, est resté peu disert sur le différend qui l'oppose au conglomérat Vivendi au sujet de Canal+, dont il détient 20% du capital.
Son directeur financier Dominique D'Hinnin a simplement indiqué lors d'une conférence de presse téléphonique que le médiateur désigné dans ce cadre avait jusqu'à fin septembre pour trouver un accord entre les deux parties.
En février, Lagardère, a assigné en justice Vivendi, maison-mère de Canal+, pour récupérer 1,6 milliard d'euros de trésorerie de la chaîne de télévision payante, qu'il l'accuse de confisquer.