L'emprunt obligataire lancé par EDF auprès des particuliers lui a permis de récolter au moins 3,2 milliards d'euros, trois fois plus que ce que le groupe, lourdement endetté et à la recherche d'argent pour investir, envisageait en lançant cette opération.
"Nous avons collecté environ 3,2 milliards d'euros. Le chiffre n'est pas définitif puisque nous allons servir toutes les demandes postées lundi au plus tard", explique son PDG Pierre Gadonneix dans un entretien publié par la Tribune à paraître jeudi.
Rencontrant un rapide succès auprès des particuliers, lié notamment à l'"image de marque d'EDF auprès du grand public" selon les analystes, cet emprunt a attiré "quelque 250.000 souscripteurs auxquels il faut ajouter 20.000 salariés d'EDF", ajoute-t-il.
Quand il avait lancé cet emprunt le 17 juin, EDF n'avait fixé aucun plafond pour le montant à lever, mais jugeait alors que la somme d'1 milliard d'euros serait "raisonnable".
Finalement, moins de deux semaines après, il avait permis de récolter plus de 2,5 milliards d'euros et EDF avait alors décidé d'avancer la date de sa clôture du 10 au 6 juillet.
"C'est un succès (...) Je suis très heureux de ce résultat qui démontre la confiance qu'inspire EDF aux Français", souligne M. Gadonneix dans cet entretien.
Ce type d'opération, à la mode dans les années 70 et 80, avait progressivement disparu, la demande des particuliers ayant été détrônée par celle, croissante, des investisseurs institutionnels.
EDF avait justifié cet appel à l'épargne des Français par ses "programmes d'investissements importants" dans les 10 à 15 prochaines années.
D’une durée de 5 ans, l'emprunt a pris la forme d'obligations de 1.000 euros, rémunéré à un taux d’intérêt annuel fixe de 4,5% avant prélèvements fiscaux et sociaux.
Si l'on tient compte d'un taux d'imposition de l'ordre de 30%, le rendement de l'obligation EDF tombe à 3%, un taux toutefois supérieur à celui du Livret A (1,75% sans impôt).
Alors qu'il en réalisait deux par an dans les années 1980, EDF avait abandonné les emprunts auprès des particuliers depuis 1991, le dernier ayant servi à financer la construction du parc nucléaire français.
Le patron d'EDF assure que le coût de cette opération est "à peu près équivalent" à celui d'autres moyens de financement.
"Cet emprunt nous revient un peu moins cher que le coût moyen de nos dettes actuelles. Mais aujourd’hui les taux sont en train de baisser", explique-t-il.
Après les avoir restreints ces dernières années, EDF a décidé de se lancer à nouveau dans un vaste programme d'investissements, à la fois pour les centrales existantes et pour la construction de nouvelles.
"Nous devons rattraper les retards d’investissements opérés dans la maintenance lourde et la modernisation des équipements mais également prévoir de nouvelles capacités de production", réaffirme Pierre Gadonneix.
EDF prévoit ainsi d'investir en 2009 12 milliards d'euros, dont 7,5 dans l'Hexagone, contre 9,7 milliards en 2008, dont 5,2 en France.
Les investissements en France iront "pour moitié dans les réseaux dont la qualité ne progresse plus depuis cinq ans et pour moitié dans les moyens de production, en consacrant autant aux énergies renouvelables qu’à l’EPR (réacteur nucléaire de nouvelle génération, ndlr) de Flamanville (Manche)", détaille M. Gadonneix.
Mais pour financer ses investissements et d'importantes acquisitions, notamment l'exploitant britannique de centrales nucléaires British Energy, EDF a vu sa dette exploser de 50% et atteindre 24,5 milliards d'euros en 2008.