L'année 2011 a commencé par une relative embellie sur le front du chômage avec une baisse du nombre des demandeurs d'emploi en janvier, un signe jugé "encourageant" par le gouvernement qui reste prudent après une année noire 2010 et assure "batailler" pour l'emploi.
Le nombre de personnes en quête de travail n'ayant exercé aucune activité a reculé de 0,7% en janvier, à 2,703 millions de personnes, soit 19.300 demandeurs de moins, selon les données du ministère du Travail jeudi.
Toutefois, en comptant aussi ceux qui ont exercé une activité réduite mais sont toujours à la recherche d'un emploi- expression du sous-emploi en France- le nombre des demandeurs est resté stable à 4,045 millions. Avec les DOM, 4,303 millions de Français recherchaient toujours un emploi à fin janvier.
Le repli du chômage en janvier fait suite à une sombre année 2010 qui a vu le nombre de personnes en quête d'emploi augmenter de 80.000 pour ceux sans aucune activité. Les deux derniers mois de 2010 avaient été particulièrement noirs avec une hausse de 50.000.
Pour le ministre du Travail, Xavier Bertrand, la baisse de janvier est "importante" et les chiffres "encourageants". Mais, "le mouvement de baisse doit maintenant se confirmer", dit-il échaudé par l'expérience amère de l'an passé où à une embellie d'un mois (comme en octobre) succédait une dégradation.
"Il y aura une sortie de crise lorsque le chômage baissera de façon durable mois après mois", prévient le ministre qui entend mener "une nouvelle bataille pour l'emploi".
Alarmé par la détérioration du chômage à 14 mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy avait annoncé, il y a deux semaines, une rallonge de 500 millions d'euros du budget de l'emploi devant servir notamment à financer 50.000 emplois aidés supplémentaires. Soit un retour au traitement social du chômage après un relâchement des efforts durant la seconde moitié de 2010.
"Une année qui s'ouvre avec une diminution du nombre de demandeurs d'emploi est de bon augure" et "si les chiffres se confirment dans les prochains mois, ce sera le signe que la reprise économique est là", estime la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
"Mais, il faut raison garder, on ne peut pas compter sur la seule croissance pour faire reculer le chômage", souligne auprès de l'AFP Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi.
En 2010, la croissance molle (1,5%) n'avait pas suffi à enrayer le chômage. L'objectif de 2% fixé par le gouvernement pour cette année est jugé trop ambitieux par la plupart des économistes.
"Après un trou d'air de six mois dans la politique de l'emploi, maintenant c'est une course contre la montre pour mettre en oeuvre très rapidement ce qui a été annoncé", passant des "annonces" à "l'application et au financement" des mesures, notamment des emplois aidés, estime Mme Carrère-Gée.
En janvier, le repli du chômage a concerné toutes les catégories sensibles: le nombre de jeunes de moins de 25 ans en quête d'emploi a reculé de 1,5% à 436.000 pour ceux n'ayant exercé aucune activité et à 623.000 en comptant ceux avec une activité réduite. Les seniors de plus de 50 ans ont été aussi moins nombreux à rechercher un emploi (à respectivement 516.000 et 752.000).
Le nombre de chômeurs de longue durée, inscrits sur les listes depuis un an ou plus, a décru légèrement (-0,2%) à 1,521 million de personnes.
Mais, l'embellie reste fragile et s'explique aussi par des sorties de listes de demandeurs ayant omis d'"actualiser" leurs dossiers - par oubli ou par reprise d'un travail - ou radiés par Pôle emploi, soit près de 18.000 personnes au total.