La dégradation de l'emploi devrait persister "plusieurs trimestres", avec des destructions d'emplois salariés dans le privé en 2009 pouvant approcher 590.000, a estimé lundi le ministère de l'Emploi, en démentant tout effet néfaste des heures supplémentaires sur l'emploi.
"La dégradation de l’emploi devrait se poursuivre pendant encore plusieurs trimestres. En 2009, le nombre des destructions d’emplois salariés dans le secteur marchand non agricole pourrait être proche de la prévision récemment annoncée par l’Unedic", selon un document publié sur son site internet.
L'assurance chômage prévoit désormais une destruction nette de 591.000 emplois salariés dans le privé et 639.000 chômeurs de plus en France cette année, sur fond de recul attendu du PIB de 3%, selon des perspectives assombries diffusées le 26 mai.
Le gouvernement a donc noirci une nouvelle fois ses prévisions en matière d'emploi: le collectif budgétaire présenté début mars tablait sur 350.000 destructions d'emplois dans le secteur marchand en 2009. En novembre, le gouvernement avait déjà révisé fortement ses prévisions, prévoyant 90.000 destructions d'emplois en 2009 contre 50.000 créations anticipées en septembre.
Les nouvelles prévisions françaises doivent être présentées par la ministre de l'Economie et de l'Emploi, Christine Lagarde, à ses partenaires européens lors de réunions entre ministres des Finances organisées jusqu'à mardi au Luxembourg.
Dans son nouveau "cadrage économique 2009-2010", le ministère défend aussi le dispositif d’exonération sur les heures supplémentaires, affirmant que "loin de dissuader aujourd’hui les entreprises d’embaucher, (il) a au contraire pu contribuer à ralentir les destructions d’emplois sur le passé récent".
"Les entreprises, confrontées à un choc économique, peuvent en effet ajuster leur masse salariale en modifiant le temps de travail moyen, les salaires et/ou les effectifs. Les exonérations sur les heures supplémentaires (...) introduisent un élément de flexibilité sur le temps de travail qui permet en conséquence de limiter l’ajustement sur l’emploi en période de crise", selon lui.
Et d'ajouter que "les rapports récents des organisations internationales relatifs à la France n’ont jamais mis en évidence de substitution entre heures supplémentaires et créations d’emplois".
Au-delà de 2009, où le PIB devrait reculer de 3%, le ministère estime que "la croissance exprimée en moyenne annuelle resterait faible en 2010 (+0,5%), et probablement insuffisante pour stabiliser l’emploi et le chômage".
"Dans ce contexte de dégradation sensible du marché du travail, les gains de pouvoir d’achat des ménages resteraient positifs (+1,0% en 2009 et +0,7% en 2010, après +0,6% en 2008) grâce notamment au repli de l’inflation et aux mesures prises par les pouvoirs publics en faveur des ménages à revenus modestes", précise le document.