Fin de récession, début de reprise, "amorce de sortie de crise": le gouvernement et la plupart des économistes parient désormais sur un retour à la croissance début 2010 mais la prudence reste de mise, en raison notamment de l'inéluctable explosion du chômage.
S'appuyant sur une accumulation de "signaux positifs" témoignant d'une stabilisation progressive de l'économie, tant française que mondiale, de plus en plus de voix se risquent à pronostiquer que la France pourrait sortir du tunnel l'an prochain.
Le Premier ministre François Fillon avait ainsi évoqué la semaine dernière "l'amorce d'une sortie de crise", ce qui lui a valu d'être sèchement contredit par le conseiller spécial de l'Elysée, Henri Guaino.
"Non, la crise n'est pas finie, nul ne sait jusqu'où elle s'aggravera et quand elle se terminera", avait rétorqué ce dernier.
C'est que, dans ce contexte de crise sans précédent, les incertitudes économiques et statistiques restent très fortes. Et le gouvernement ne veut pas se risquer à pécher par excès d'optimisme, alors que les Français subissent de plein fouet depuis le début de l'année le contrecoup de la récession et sa litanie de plans sociaux.
L'Insee ne s'y est d'ailleurs pas trompé en assortissant pour la première fois d'un point d'interrogation le titre de sa dernière note de conjoncture publiée vendredi: "vers une sortie de récession?"
Quelques jours plus tôt, les ministres des Finances du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Russie, Japon) avaient déjà adressé au monde un message à la tonalité volontairement prudente.
"Il y a des signes de stabilisation dans nos économies (...) mais la situation reste incertaine et des risques significatifs continuent de peser sur la stabilité économique et financière", écrivaient-ils à l'issue de leur réunion à Lecce (Italie).
Il est vrai qu'avec ou sans "sortie de crise" l'an prochain, le produit intérieur brut de la France devrait tout de même reculer d'environ 3% cette année. La plus forte baisse depuis 1949, qui ramènera le PIB à son niveau de 2006.
Certes, cette récession devrait être moins brutale que dans d'autres pays industrialisés, grâce notamment au système social français qui sert d'amortisseur à la crise en soutenant la consommation, traditionnel moteur de la croissance hexagonale.
L'OCDE et le Fonds monétaire international (FMI) estiment ainsi que le PIB de la zone euro chutera de plus de 4% en 2009.
Mais c'est surtout les conséquences de la crise sur l'emploi qui incitent à la prudence.
L'Insee s'attend à la destruction nette de 590.000 postes cette année, avec un taux de chômage remontant à 10,1% en France métropolitaine pour retrouver son niveau de 1999.
Même si le PIB cessait de chuter au dernier trimestre 2009 et que la croissance redevenait légèrement positive en début d'année prochaine, le marché du travail continuerait de se dégrader en France "pendant encore plusieurs trimestres", prévient-on à Bercy.
Les experts estiment en effet à environ un an le décalage entre la reprise économique et l'amélioration de l'emploi, ce qui ne laisse pas espérer d'embellie avant au moins 2011.
Reste aussi à savoir si la reprise tant attendue sera suffisamment vigoureuse pour relancer vraiment l'activité. Pour 2010, le gouvernement vient de revoir ses ambitions à la baisse et table sur une maigre croissance de 0,5%. Pour le FMI, la Commission européenne ou l'OCDE, ce serait encore moins: entre 0,2 et 0,4%.