La hausse mensuelle des prix ralentit aux Etats-Unis, mais cette évolution positive est tempérée par le maintien de pressions inflationnistes inquiétantes alors que la croissance économique du pays s'enlise.
L'indice des prix à la consommation publié mercredi par le département du Travail a affiché en mai sa hausse la plus faible depuis novembre: +0,2%.
Ce ralentissement de l'inflation pour le deuxième mois d'affilée a été entraîné par une baisse des prix de l'énergie (-1,0%), la première en onze mois.
La poussée d'inflation que le pays a connue pendant l'automne et l'hiver a été provoquée par la flambée des cours du pétrole et des autres matières premières.
Pour Arijit Dutta, de Moody's Economy.com, "la menace immédiate d'une inflation forte provoquée par une ascension des prix de l'alimentation et de l'énergie est passée".
Faisant allusion à l'instabilité politique dans le monde arabe, David Rosnick, du Centre pour le recherche économique et politique, note néanmoins qu'"on ne doit pas s'attendre à une baisse durable" de l'énergie.
Le renchérissement toujours marqué de la nourriture et la progression de l'inflation de base (hors alimentation et énergie), qui a atteint en avril son niveau le plus haut depuis juillet 2008 (+0,3%), sont le signe de pressions inflationnistes qui se maintiennent voire s'accumulent.
Plusieurs analystes font remarquer que l'accélération du mois de mai a été attisée en effet par un renchérissement des voitures sans égal depuis octobre 2009 et une hausse des prix de l'habillement inédite depuis deux ans. Ils ajoutent que ces deux facteurs sont temporaires.
Le premier répondrait à une hausse des prix décidée par les constructeurs face à la baisse de leurs stocks provoquée par les perturbations dans la chaîne d'approvisionnement entraînées par le séisme japonais du 11 mars. Le second correspondrait à un ajustement avec retard à la flambée des prix du cotton observée à la fin de l'hiver.
Notant que la hausse des prix s'accélère dans le domaine de l'éducation, des loisirs et des soins de santé, Peter Newland, de Barclays Capital, voit cependant dans les chiffres "de nouvelles preuves du renforcement des pressions sur les prix sur une large gamme de biens et services".
Les chiffres montrent que le ralentissement des prix a permis une hausse du salaire hebdomadaire moyen réel pour la première fois depuis le mois d'octobre, mais que celui-ci est encore en baisse de 1,6% par rapport à ce mois-là.
La croissance économique des Etats-Unis a fortement ralenti depuis le début de l'année, en bonne partie sous l'effet de la baisse du pouvoir d'achat des ménages, provoquée par la montée de l'inflation qui a fortement touché leurs dépenses de consommation, moteur traditionnel de l'activité du pays.
Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a reconnu la semaine dernière que la croissance était "désespérément" lente et que son rythme devrait s'améliorer, si la hausse des prix ralentit comme il le prévoit.
Alors que la hausse des prix en glissement annuel atteint désormais 3,6% sur un an, son plus haut niveau depuis octobre 2008, les analystes commencent cependant à douter du caractère passager de la poussée d'inflation.
Le ralentissement de l'activité se poursuit, lui, comme l'ont montré mercredi encore deux indicateurs industriels plus mauvais que prévu.
"Les choses commencent à avoir un goût de stagflation" s'inquiètent les analystes de RDQ Economics.