Investing.com – Les spéculations sur un possible ralentissement de la hausse des taux de la Fed face à la dégradation des indicateurs économiques ont pris du plomb dans l’aile hier, avec de bonnes surprises dans le calendrier économique US, ce qui a renforcé le Dollar et renvoyé la paire EUR/USD en baisse.
Rappelons que la journée de mardi avait vu l’EUR/USD toucher de nouveau le seuil clé de la parité, alors que plusieurs éléments, dont le rapport JOLTS sur les offres d’emplois US décevant, ont laissé les investisseurs penser que la Fed pourrait s’en inquiéter, et afficher dorénavant une position moins hawkish.
La théorie du pivot de la Fed prend du plomb dans l'aile
Cependant, le rapport ADP sur l’emploi privé US publié hier a quant à lui dépassé les attentes, avec 208k créations d’emplois, contre 200k anticipé, avec de plus une révision haussière des chiffres du mois précédent. L’indice ISM des services US a également été l’occasion d’une bonne surprise hier, atteignant les 56.7 points pour le mois de septembre, contre 56 anticipés.
Cela a donc largement réduit les anticipations d’un changement dans l’orientation de la Fed, ce qui a nettement pesé sur EUR/USD, en plus du fait que l’atteinte de la parité a suscité des prises de bénéfice et l’arrivée de vendeurs.
Dans ce contexte, l’Euro Dollar est passé de la parité mardi soir, à un creux à 0.9835 hier, et évolue actuellement juste au-dessus de 0.99.
Aujourd’hui, les traders d’EUR/USD surveilleront les Minutes de la BCE à 13h30, puis les inscriptions hebdomadaires au chômage US à 14h30. Mais il faudra attendre demain pour prendre connaissance de la statistique la plus importante de la semaine, avec le rapport NFP sur les créations d’emplois US dans le secteur non agricole. De solides chiffres pourraient décrédibiliser encore davantage les attentes d’un possible « pivot » de la Fed, et ajouter une pression supplémentaire sur l’Euro Dollar.
Seuils techniques à surveiller sur EUR/USD
D’un point de vue technique, la correction observée depuis mardi soir ne remet pas totalement en question le biais haussier de court terme, comme on le voit sur le graphique H4 ci-dessous :
Ce graphique permet en effet de repérer une ligne de tendance haussière, en vert sur le graphique, et montre également que la zone de 0.9835/50 peut être considérée comme un soutien immédiat.
En revanche, une prise de recul sur le graphique journalier invite à la prudence, voire à shorter l’EUR/USD. Comme on le voit sur le graphique ci-dessous, on peut en effet repérer une ligne de tendance baissière de long terme qui s’étire depuis le mois de février.
Or, le recul de l’EUR/USD depuis hier correspond précisément à un rejet depuis cette ligne de tendance baissière, indiquant que la tendance de fond reste négative. A ce stade, un retour durable au-dessus de la parité est donc nécessaire pour commencer à remettre en question cette ligne de tendance, et donc le biais baissier de l’Euro face au Dollar.
Les banques prévoient de plus amples pertes sur l’EUR/USD
En plus de ce contexte technique peu favorable, on notera que la plupart des grandes banques affichent un avis fortement baissier pour l’EUR/USD à court et moyen terme.
Chute de l’EUR/USD à 0.90, puis stabilisation à 0.93-0.94 ( Standard Chartered (LON:STAN))
Standard Chartered a par exemple écrit hier que "l'EUR/USD devrait s'affaiblir au cours des 1 à 3 prochains mois, testant potentiellement le support autour de 0,90, avant de s'installer autour de 0,93-0,94."
La banque a en effet expliqué qu’"alors que les stocks de gaz européens ont atteint près de 85 % de leur capacité, les préoccupations en matière de sécurité énergétique et de rationnement, ainsi que le rythme relativement plus lent des hausses de taux de la BCE, sont susceptibles d'exercer une pression à la baisse sur l'euro à court terme."
En revanche, elle prévoit une remontée de l’Euro à plus long terme, déclarant : "Sur un horizon de 12 mois, nous nous attendons à ce qu'une réduction des différentiels de taux d'intérêt entre les États-Unis et l'Europe et un renversement de sa sous-évaluation actuelle poussent l'euro à la hausse."
Objectif 0.95 à horizon 1-3 mois pour l’Euro Dollar (Rabobank)
Rabobank, qui s’est également exprimée à propos de la paire de devises hier, a déclaré : "Nous restons haussiers sur l'USD et conservons notre objectif EUR/USD 0,95 dans une perspective d'un à trois mois", expliquant que "la monnaie unique n'a pas les références de valeur refuge de l'USD, ce qui signifie que l'euro est plus sensible aux préoccupations concernant le ralentissement de la croissance."
La banque a aussi estimé que l’EUR/USD ne prend pas encore totalement en compte « la crise des prix de l'énergie à laquelle la région est confrontée, étant donné le risque qu'elle puisse se prolonger pendant plusieurs années ».
ING (AS:INGA) prévoit une chute de l’Euro à 0.90 Dollar d’ici la fin de l’année
Enfin, ING a déclaré avoir "du mal à voir derrière le rallye de la paire autre chose qu'un événement de prise de position et une large correction du dollar", expliquant qu’ "il est difficile de mettre en évidence un changement matériel dans les perspectives de la zone euro qui justifierait un retour significatif de l'appétit du marché pour l'euro pour le moment."
Elle estime ainsi que "la poussée haussière n'est pas suffisante pour maintenir durablement l'EUR/USD au-dessus de la parité, et nous prévoit toujours une chute vers la zone basse de 0,90 en fin d'année."