François Fillon a estimé mardi à l'Assemblée nationale que la France était un pays "trop endetté", excluant que l'emprunt public, qui sera lancé début 2010 et qui ne sera pas obligatoire, puisse servir à des "dépenses de fonctionnement ou d'investissement".
"Il ne s'agit en aucun cas de financer avec cet emprunt public des dépenses courantes de fonctionnement ou d'investissement. Nous sommes dans un pays qui est trop endetté et ça n'est pas en ajoutant de la dette à la dette que nous améliorerons la situation de notre pays", a déclaré le Premier ministre en réponse à une question de Xavier Bertrand, député et secrétaire général de l'UMP.
"Il faut d'un côté réduire la dépense publique --et je serais interessé de savoir dans quels secteurs la gauche nous proposerait de le faire-- et en même temps choisir les dépenses d'avenir qui procureront demain la croissance et les emplois dont nous avons besoin", a ajouté M. Fillon.
L'annonce par le chef de l'Etat de cet emprunt national a soulevé des interrogations au sein même de la majorité, certains s'interrogeant sur l'opportunité d'une telle mesure dans un contexte de fort endettement de la France.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a confirmé devant l'ensemble des députés, après l'avoir fait dans la matinée à huis clos lors de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée nationale, que le futur emprunt ne serait pas "obligatoire", car il s'agirait alors "d'un impôt supplémentaire".
"J'ai bien vu qu'un débat était né sur l'idée d'un emprunt obligatoire. Pour le gouvernement, un emprunt obligatoire ça s'appelle un impôt supplémentaire. Le président de la République et moi-même nous nous sommes engagés à ce qu'il n'y ait pas d'impôt supplémentaire", a déclaré le chef du gouvernement.
Plusieurs voix se sont élevées dans la majorité, à l'instar du rapporteur du budget à l'Assemblée, Gilles Carrez (UMP), pour demander que les ménages les plus aisés soient obligés de souscrire à cet emprunt.
Enfin, le Premier ministre n'a pas été plus précis sur le montant et les modalités de cet emprunt qui, a-t-il répété, seront "discutés plus tard" lorsque les priorités auxquelles il sera affecté auront été "définies" à l'issue d'une concertation de trois mois.
Dans le cadre de ce débat, M. Fillon a annoncé qu'il recevrait le 15 juillet les responsables de l'ensemble des commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat "pour engager la discussion et se mettre d'accord sur une méthode de travail".