La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a prévenu vendredi que l'institution allait prochainement abaisser ses prévisions de croissance en raison de l'aggravation de la situation économique mondiale.
"Les perspectives sont, hélas, devenues plus inquiétantes lors de ces derniers mois", a souligné Mme Lagarde lors d'un discours à Tokyo, dans le cadre d'une visite de deux jours au Japon où se tiendra en octobre la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale.
"De nombreux indicateurs de l'activité économique - l'investissement, l'emploi, la production - se sont détériorés. Et pas seulement en Europe ou aux Etats-Unis, mais aussi dans de nombreux pays émergents clés: Brésil, Chine, Inde", a-t-elle précisé.
En conséquence, les nouvelles prévisions de croissance mondiale que le fonds va publier dans dix jours seront "un peu plus basses" que les dernières en date présentées à la mi-avril, a averti la directrice générale.
Le FMI avait alors évalué à 3,5% la croissance planétaire pour 2012 et à 4,1% pour 2013. Pressée en conférence de presse d'en dire plus, Mme Lagarde s'est bornée à déclarer que la nouvelle estimation serait "inférieure, sans changement énorme" par rapport à celle d'il y a trois mois.
"Certaines régions sont plus affectées que d'autres" pas la révision négative des perspectives, a-t-elle ajouté, évoquant une "crise mondiale" frappant bien au-delà de l'Europe, au centre des attentions.
Mme Lagarde a toutefois relevé que des "efforts extraordinaires" avaient été fait ces derniers mois pour s'attaquer aux problèmes d'endettement, financiers et économiques, donnant un bon point à l'Europe.
"La semaine dernière, les dirigeants européens se sont mis d'accord sur des avancées importantes dans la bonne direction", s'est-elle félicitée.
Lors du sommet de Bruxelles les 28 et 29 juin, les responsables de la zone euro ont décidé de mettre en place un mécanisme permettant de recapitaliser directement les banques via les fonds de secours européens, répondant à une demande de l'Espagne qui cherchait à éviter que le plan de sauvetage de ses banques n'alourdisse sa dette publique au point de la rendre insoutenable.
La création d'un mécanisme unique de supervision financière a aussi été annoncée par les Européens qui ont de même décidé d'autoriser les fonds de secours du continent à acheter directement sur les marchés des titres de dette de pays fragiles.
Depuis, la Banque centrale européenne (BCE) a fait aussi un geste en réduisant à 0,75% son principal taux directeur - un plus bas historique -, afin de stimuler une croissance européenne en panne.
"Nous avons toujours dit qu'en plus d'un pare-feu (mécanisme de soutien préventif, ndlr), que nous appelons de nos voeux, en plus de l'intervention de la banque centrale, que nous saluons, une zone euro plus unie est nécessaire, pas uniquement avec une monnaie unique, mais aussi avec une union bancaire et une union budgétaire", a détaillé Mme Lagarde.
"Les Européens ont décidé d'avancer vers une union bancaire. Il faut qu'ils la mettent en place, ce qui n'est pas évident à 17 pays membres" de la zone euro, a-t-elle observé, ajoutant que "pour nous, la prochaine étape sera une union budgétaire qui complètera l'union monétaire et bancaire".
Interrogée sur la réaction mitigée à ces diverses annonces européennes, Mme Lagarde a noté que "comme souvent, cela prend un peu de temps pour que les marchés, les investisseurs et les banquiers digèrent ce type de décision".
Lors de son passage à Tokyo, la directrice générale a rencontré le Premier ministre nippon, Yoshihiko Noda, et d'autres hauts responsables du Japon, deuxième contributeur au FMI. L'archipel a annoncé en avril l'apport de 60 milliards de dollars supplémentaires au fonds pour l'aider face aux crises, notamment celle de la dette en Europe.
Mme Lagarde a rendu hommage au gouvernement nippon à cet égard, ainsi que pour ses efforts de consolidation budgétaire, quelques jours après l'adoption par les députés d'une loi prévoyant le passage de 5% à 10% de la taxe sur la consommation d'ici à octobre 2015.
La chef du FMI doit prononcer samedi un discours dans une université tokyoïte avant de partir pour Jakarta (8 au 10 juillet) puis Bangkok (11 et 12 juillet).