Le géant japonais Toyota (T:7203) a de nouveau dominé le secteur automobile mondial en 2015, se classant au premier rang pour la quatrième année de suite avec 10,15 millions de véhicules vendus sur la période, selon des chiffres publiés mercredi.
Un temps menacé par Volkswagen (DE:VOWG_p), qui l'avait même doublé au premier semestre, le groupe Toyota a finalement réussi à maintenir son hégémonie face à un colosse allemand fragilisé par le scandale de ses moteurs truqués. VW, qui regroupe douze marques dont Audi, Skoda, Porsche ou Scania, a écoulé 9,93 millions d'unités l'an dernier.
L'américain General Motors (N:GM), numéro un mondial pendant 70 ans avant d'être détrôné par Toyota en 2008, reste troisième avec 9,8 millions d'unités.
Toyota, premier groupe dont les ventes avaient franchi en 2014 pour la première fois de l'histoire de l'automobile la barre des 10 millions, persiste et signe malgré un recul (-0,8%).
En 2016, le fabricant de la citadine Yaris et des berlines Crown et Corolla espère vendre 10,11 millions d'unités dans le monde grâce à l'ensemble de ses marques (Toyota, voitures de luxe Lexus, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino).
Sa force réside, selon Yoshiaki Kawano, expert du cabinet IHS basé à Tokyo, dans sa solide implantation aux Etats-Unis où l'industrie automobile a affiché l'an dernier sa meilleure performance depuis 2000.
Avec près du tiers de ses ventes en Amérique du Nord, Toyota est idéalement positionné pour profiter de cette embellie, et "2016 devrait le voir garder son titre", estime l'analyste.
La firme devrait aussi profiter d'un redressement au Japon après une année 2015 très mitigée (-6,5%) sur fond de reprise fragile de la troisième économie mondiale. A l'image de ce qui s'était passé avant une hausse de la TVA en avril 2014, M. Kawano prédit une ruée des Japonais dans les concessions automobiles en amont d'un second relèvement prévu au printemps 2017.
- N°1, pas une obsession -
Toyota mise aussi beaucoup sur la dernière génération de sa gamme hybride Prius (essence-électricité), sortie au Japon fin 2015. Ce nouveau modèle, censé consommer 18% de moins que la précédente mouture, a déjà séduit plus de 100.000 automobilistes au cours du premier mois.
Ailleurs, les défis sont de taille: gare notamment à l'Asie du sud-est, une des régions phare du groupe, prévient M. Kawano, soulignant de nouvelles difficultés en Indonésie et en Thaïlande.
En Chine en revanche, il est moins exposé que ses concurrents au ralentissement car "il est un peu à la traîne comparé à Volkswagen ou Nissan (T:7201)", une stratégie assumée par le groupe qui se veut prudent. Il a prévu d'y renforcer sa présence mais ses investissements ne porteront pas leurs fruits avant plusieurs mois.
La presse lui prête l'intention de vouloir aussi profiter de l'Inde via une possible alliance avec son compatriote Suzuki, le numéro un sur place (40% du marché avec un partenaire local).
Comme à son habitude, Toyota (340.000 employés), champion du secteur depuis 2008 à l'exception de l'année du séisme de 2011, a réagi avec discrétion à la nouvelle.
Si c'est un motif de fierté, ce n'est pas une obsession, a encore rappelé récemment son PDG, Akio Toyoda. "Toyota n'est pas indifférent au volume, mais plutôt que d'être le plus important constructeur, je veux que notre compagnie soit considérée dans le monde comme la meilleure", avait dit le descendant de la famille fondatrice, qui garde sans cesse en tête la crise de rappels connue par son groupe en 2009-2010.
Volkswagen s'est rallié il y a peu à cet avis, enterrant officiellement l'objectif de numéro un mondial dans lequel certains voient une des causes des maux actuels.
Nissan a pour sa part vendu 5,42 millions de véhicules en 2015 (+2,1% sur un an), un nouveau record pour le groupe qui occupe avec son partenaire français Renault (PA:RENA) le quatrième rang mondial devant le sud-coréen Hyundai Motor (8,01 millions avec sa filiale Kia).