Au matin d'une visite éclair du président français Nicolas Sarkozy à Brasilia, le Rafale semblait prendre l'avantage sur ses concurrents suédois et américain pour renouveler l'aviation de chasse brésilienne, un contrat de 4 milliards de dollars.
A ce jour, Dassault n'a jamais réussi à vendre son chasseur multirôle hors de France.
La décision finale sur l'appel d'offres où sont en lice, outre le Rafale, le Gripen du suédois Saab et le F/A18 Super Hornet de Boeing, ne devait être connue qu'en octobre, d'après l'expert militaire Nelson During, directeur de la revue Defesanet.
"L'armée de l'air devrait envoyer son analyse des trois appareils au gouvernement le 23 octobre, Jour de l'Aviateur, et lui indiquer son choix. Ensuite, le Conseil national de Défense devrait ratifier ce choix assez rapidement", a dit l'expert brésilien.
Toutefois, la visite du président français Nicolas Sarkozy ces dimanche et lundi pourrait précipiter l'annonce du vainqueur de l'appel d'offres, pensent des sources informées.
Dans une interview exclusive à l'AFP, le président Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé que la France avait "un avantage comparatif exceptionnel" dans la compétition car elle "s'est montrée le pays le plus flexible pour le transfert de technologie".
"Un pays de l'importance du Brésil ne peut acheter un produit d'un autre pays sans transfert de technologie", a ajouté le président qui s'est toutefois refusé à dire quel était son avion favori : "en tant que président, je ne le peux pas".
"Le grand avantage de la France, c'est qu'elle ne met pas de restrictions à sa technologie ; elle passe tout", a renchéri l'expert militaire.
L'objectif du Brésil est de se doter d'une industrie de défense de pointe à la hauteur de ses ambitions de grande puissance mondiale du XXIe siècle.
Lula a expliqué que la modernisation des forces armées avait pour objectif de mieux protéger l'immense territoire amazonien et ses énormes richesses pétrolières en eaux très profondes récemment découvertes.
Pour Nelson During, les critères essentiels dans le choix de l'avion sont : jusqu'où va le transfert de technologie ? Que va gagner l'industrie brésilienne ? Quels sont les intérêts du Brésil au niveau géopolitique ?
"Nous avons déjà un accord avec la France, doit-on le renforcer ? Si nous négocions avec les Etats-Unis, faudra-t-il s'aligner sur leur politique ? Est-il avantageux de négocier avec la Suède ? Telles sont les interrogations du côté brésilien", commente M. During.
Le prix d'achat - l'un des reproches fait au Rafale par rapport à ses concurrents - "n'est pas fondamental", a affirmé l'expert.
"C'est le coût opérationnel qui compte, le prix de l'heure de vol, de l'entretien, de l'électronique. Nous sommes un pays pauvre et c'est ce qui pèsera pendant les trente prochaines années".
"Le Rafale n'est pas le plus cher pour le coût opérationnel, c'est le F/A18", a précisé M. During.
Le 7 septembre, fête nationale du Brésil, pendant la visite de Nicolas Sarkozy, deux accords militaires conclus en décembre dernier avec Lula seront signés. Ils concernent l'achat de 50 hélicoptères de transport EC-725 et la construction de quatre sous-marins conventionnels d'attaque Scorpène et d'un cinquième à propulsion nucléaire en coopération avec la France. Le Brésil construira seul le moteur nucléaire dont il maîtrise déjà la technologie.
"Les sous-marins seront les boucliers de défense des gisements en eaux très profondes" dont les réserves de brut sont évaluées à 50 milliards de barils, a dit M. During.
Un chantier naval sera construit dans la baie de Sepetiba, à Rio de Janeiro, pour la fabrication des sous-marins.