La zone euro va donner le coup d'envoi lundi de son principal instrument anti-crise, et faire le point sur la Grèce qui attend toujours le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide, ainsi que sur l'Espagne où la nécessité d'un plan de sauvetage semble s'éloigner.
Les ministres des Finances des 17 se retrouvent lundi après-midi à Luxembourg. Ils seront rejoints mardi par leurs homologues de toute l'UE.
Ils ne devraient prendre aucune décision majeure car les grands dossiers --aide à la Grèce et éventuel sauvetage de l'Espagne-- ne sont pas mûrs et pourraient ne pas l'être non plus pour le sommet des 18-19 octobre à Bruxelles.
En attendant, les ministres de la zone euro, réunis au sein du conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES), vont signer lundi l'acte de naissance de cet instrument financier permanent qui remplacera à terme le Fonds de secours actuel (FESF). Le MES sera pleinement opérationnel dès que les Etats auront versé leur écot. Il sera en mesure de prêter environ 200 milliards d'euros d'ici fin octobre sur une enveloppe totale de 500 milliards, selon un haut responsable européen.
Cet instrument "est la pierre angulaire du pare-feu de la zone euro et fait partie intégrante de notre stratégie pour garantir la stabilité financière de l'Union monétaire", a estimé récemment le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
Il est d'autant plus stratégique qu'il pourra servir à recapitaliser directement les banques de la zone euro, sans alourdir la dette des Etats. A condition toutefois que les Européens mettent en place un mécanisme de supervision bancaire, prévu au mieux début 2013.
La possibilité de recapitaliser directement les banques intéresse au plus haut point l'Espagne qui a obtenu en juin une ligne de crédit de 100 milliards d'euros de la zone euro pour ses établissements de crédit.
Mais l'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande --les durs de la zone euro-- ont récemment laissé entendre que la recapitalisation directe ne s'appliquerait pas aux banques déjà en difficulté avant l'entrée en vigueur du mécanisme. Ce qui semble exclure l'Espagne, ainsi que l'Irlande qui espérait également en profiter. Ce sujet devrait être abordé lors de l'Eurogroupe, afin de préparer le terrain en vue du prochain sommet européen.
Les ministres devraient également prendre le pouls de la Grèce, qui souhaite obtenir au plus vite le versement d'une tranche d'aide de 31,5 milliards d'euros. Le Premier ministre grec Antonis Samaras a reconnu vendredi que son pays ne pourrait tenir que "jusqu'à la fin novembre" sans aide. "Après les caisses sont vides", a-t-il affirmé.
"Sans surprise, le rapport de la troïka (principaux bailleurs de fonds d'Athènes) ne sera pas prêt lundi", a souligné vendredi une source européenne, mais les argentiers de la zone euro devraient faire un état des lieux.
Concernant l'Espagne, les ministres devraient examiner les mesures d'austérité et les réformes récemment décidées par le gouvernement. En revanche, "il ne semble pas que l'Espagne ait besoin de demander un programme (d'aide), quel qu'il soit", a estimé vendredi un haut responsable européen, jugeant que "la situation des marchés est très loin d'imposer la nécessité d'un programme d'ajustement".
"La situation des marchés est très différente de celle qui nous inquiétait il y a un an", et une éventuelle demande de l'Espagne, "si elle a lieu, n'est pas imminente", a estimé ce responsable, illustrant le changement de ton parmi plusieurs responsables européens concernant l'Espagne.