Le numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal reste épargné par le scandale retentissant dans lequel est impliquée sa première actionnaire Liliane Bettencourt et renoue avec sa croissance d'avant-crise.
L'affaire Bettencourt "n'impacte pas" la marche de L'Oréal, qui vient d'engranger un bénéfice semestriel de 1,31 milliard d'euros, a assuré son directeur général Jean-Paul Agon, jeudi lors de la présentation des résultats du groupe, sa première conférence de presse depuis l'éclatement du scandale.
Quasi muet jusqu'ici sur cette tentaculaire affaire, qui voit s'opposer Liliane Bettencourt, héritière du groupe et détentrice de 31% de son capital, et sa fille Françoise Bettencourt-Meyers, M. Agon, tout sourire, a invité les journalistes à s'intéresser avant tout aux performances de l'entreprise.
"Il n'y a qu'à voir les résultats que nous publions", a-t-il dit, balayant les doutes sur les conséquences de cette "très regrettable" affaire.
Avec un bénéfice semestriel en hausse de 21,2%, à 1,31 milliard d'euros, un chiffre d'affaires en augmentation de 10,2%, à 9,67 milliards d'euros et une rentabilité revenue à son niveau d'avant-crise, le groupe s'affiche en pleine santé.
La Bourse a d'ailleurs applaudi à ses résultats, publiés la veille, l'action s'envolant à 12H44 de 6,27% à 80,52 EUR, la plus forte progression du CAC40 en très légère hausse de 0,67%.
Même la plainte déposée par un petit actionnaire et visant les contrats liant M. Banier, que Mme Bettencourt-Meyers accuse d'"abus de faiblesse", à L'Oréal, ne semble pas inquiéter M. Agon, qui la juge "infondée".
M. Banier a fourni "un vrai service" au groupe assure-t-il à propos du contrat et de la convention qui lient la société Héricy, créée en 1996 par M. Banier, à L'Oréal jusqu'en 2011 et lui garantissent le versement chaque année de plus de 700.000 euros.
Déclarant réserver ses réponses à l'enquête en cours, il n'a donné aucune précision supplémentaire.
Cependant, selon Le Monde, les syndicats du groupe ont "bien l'intention de demander à la direction générale des éclaircissements" sur le contenu exact de ce contrat lors du prochain comité central d'établissement. Il devrait se tenir vers les 20-25 septembre, selon un délégué CGT, interrogé par l'AFP.
Sur l'avenir de l'actionnariat du groupe, M. Agon se montre tout aussi serein.
L'affaire opposant la mère et la fille Bettencourt a en effet relancé les spéculations sur l'évolution de la participation du suisse Nestlé, deuxième actionnaire de L'Oréal à hauteur de 29,8%. Elle a plus généralement fait naître des craintes de voir ce fleuron industriel français passer sous un drapeau étranger.
Liliane Bettencourt elle-même en est d'ailleurs en partie responsable: elle a accusé à plusieurs reprises sa fille de vouloir mettre la main sur la participation familiale pour la revendre, ce que celle-ci a démenti.
Des déclarations du président de Nestlé, Peter Brabeck, assurant mercredi dans un journal suisse que le géant de l'agroalimentaire n'avait pas pris de décision sur l'avenir de sa participation dans L'Oréal ont relancé les interrogations.
"M. Brabeck a été mandaté pour réfléchir à l'avenir de cette participation", a rappelé M. Agon jeudi. "Cela me paraît un non-événement, je n'y ai pas vu quelque chose de spectaculaire et d'intrigant", a-t-il jugé.
"L'entreprise est vraiment mobilisée sur son projet, c'est vraiment l'essentiel et il ne faut pas gâcher ça", a-t-il conclu.