Ecourtée en raison du week-end pascal, la semaine prochaine devrait encore être consacrée aux résultats d'entreprises à la Bourse de Paris, même si les investisseurs attendent la réunion de la Fed après l'avertissement de Standard & Poor's (S&P) sur la première puissance mondiale.
Lundi, l'agence de notation a provoqué un coup de tonnerre, en abaissant la perspective des Etats-Unis, ce qui signifie que le pays pourrait perdre son précieux triple A (la meilleure note possible), dans les deux ans à venir.
Déjà mal en point avec les rumeurs persistantes sur la Grèce, les marchés ont brutalement décroché en début de semaine avant de se reprendre tout aussi nettement et de repasser le seuil des 4.000 points à Paris.
Au cours de la semaine écoulée, l'indice CAC 40 a progressé de 1,19% pour terminer jeudi --dernier jour de la semaine -- à 4.021,88 points.
Passé le choc initial, la lecture des analystes a été de voir dans cette mise en garde de S&P "un mal pour un bien".
"Les Bourses ont certes tremblé mais il n'y a pas eu de craintes perceptibles sur le marché obligataire américain. Les marchés ont vu cette mise en garde comme une arme pour que le président Obama propose un plan de réduction de la dette", estime Bertrand Lamielle, de B*Capital (BNP Paribas).
Rapidement les investisseurs se sont tournés vers les résultats des entreprises, des deux côtés de l'Atlantique, et les discours des dirigeants qui se sont montrés jusqu'ici plutôt optimistes malgré la catastrophe japonaise survenue en mars et l'inexorable hausse du prix des matières premières.
Pour la plupart des investisseurs, les chocs comme le Japon ou les troubles au Moyen-Orient "sont perçus comme des événements temporaires et insuffisants pour enrayer la reprise", estime Frédéric Buzaré de Dexia AM.
Car, selon lui, les Bourses comptent encore sur la Réserve fédérale américaine (Fed) "pour fournir des liquidités bon marché et abondantes afin d‘alimenter la reprise".
Dans cette optique, la réunion mardi et mercredi de la Fed sera suivie attentivement, car la banque centrale pourra donner des indications sur sa stratégie de sortie de crise alors que ses mesures de soutien à l'économie (dit programme d'assouplissement quantitatif) doivent prendre fin le 30 juin.
La question est de savoir si elle va bien mettre fin à son programme, à quel rythme, ou si elle va en lancer un nouveau.
Pour Frédéric Leroux de la société Carmignac Gestion, la perspective d'un troisième programme de soutien monétaire semble fort probable car l'économie américaine comporte encore de nombreuses zones d'ombres (l'emploi et l'immobilier notamment) et que les restrictions budgétaires exigées par S&P vont devoir être compensées.
La publication jeudi de la croissance américaine au premier trimestre sera donc un autre temps fort de la semaine. Outre l'indicateur, il faudra compter avec plusieurs statistiques sur l'immobilier et la confiance des consommateurs.
Mais avant tout, les investisseurs vont devoir se montrer prudents car le marché évolue dans des volumes peu étoffés, signe d'un "faible niveau de conviction", selon M. Buzaré, ce qui est propice au retournement de tendance.
"Un marché qui fait -2% le lundi, et +2% le mercredi a perdu sa boussole", affirme pour sa part M. Lamielle de B*Capital. "Beaucoup d'événements peuvent le faire revenir en arrière, d'autant plus que le CAC 40 bute globalement sur les 4.000 points depuis fin 2009".