La Bourse de Paris a poursuivi sa dégringolade lundi, terminant sur une chute de 4,03%, affolée par l'hypothèse d'une faillite de la Grèce et plombée par la dégringolade du secteur bancaire sous la menace d'une dégradation par l'agence de notation Moody's.
Le CAC 40 a lâché 119,78 points à 2.854,81 points, finissant à son plus bas niveau depuis avril 2009, dans un volume d'échanges fourni de 4,619 milliards d'euros. Vendredi, il avait cédé 3,60%.
Le marché parisien s’est particulièrement inquiété d’une éventuelle dégradation de la note des banques françaises par Moody’s.
L'agence avait annoncé mi-juin envisager un abaissement pour Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole du fait de leur exposition à la dette grecque. La période d'observation étant de trois mois, une décision est attendue dans les prochains jours.
Or, la situation en Grèce est loin de s'être améliorée.
"Les marchés anticipent des scénarios très noirs et ne veulent retenir que les hypothèses les plus sombres", souligne Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
Ils craignent qu'Athènes ne soit pas en mesure de respecter ses engagements budgétaires, ce qui entraînerait sa faillite.
Le ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler n'a d'ailleurs pas écarté cette hypothèse, en mettant en avant la nécessité de sauver l'euro. Son homologue aux Finances, Wolfgang Schäuble, se préparerait aussi à un tel scénario, selon l'hedomadaire Der Spiegel.
La Grèce a tenté de rassurer afin de garantir le versement d'une prochaine tranche d'aide internationale, en mettant sur la table des mesures supplémentaires d'économies de 2 milliards d'euros.
De leur côté, l'ensemble des dirigeants européens, y compris allemands, ont appelé Athènes à "mettre en oeuvre entièrement ses engagements", selon le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet.
Une réunion d'urgence du FMI doit se dérouler mercredi sur la Grèce avant la rencontre des ministres des Finances de la zone euro, puis de l'Union européenne vendredi et samedi en Pologne pour tenter de boucler le second plan d'aide au pays.
Outre la situation en zone euro, les marchés craignent toujours que la croissance ne s'étouffe aux Etats-Unis et en Europe.
Rien n'a été fait pour les rassurer durant la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des sept pays les plus riches de la planète (G7), qui se sont contentés de promettre une réponse "forte" et "coordonnée" à la crise mais sans préciser leur stratégie.
Cette réunion "ne donne pas le sentiment de prendre la mesure des inquiétudes qui se dessinent sur les marchés", prévient Philippe Waechter, économiste chez Natixis AM.
Les bancaires ont été particulièrement malmenées. BNP Paribas dévissant de 12,35% à 26,12 euros et Crédit Agricole de 10,64% à 4,83 euros.
Société Générale a dégringolé de 10,75% à 15,57 euros. La banque a annoncé un plan d'économies, avec suppressions d'emplois à la clef, et une accélération de ses cessions d'actifs indésirables, tout en écartant une augmentation de capital.
EDF a cédé 2,91% à 18,84 euros, limitant ses pertes après avoir perdu jusqu'à près de 8%, après l'explosion d'un four sur son site nucléaire de Marcoule (Gard) qui a fait un mort et des blessés, sans fuite radioactive selon les autorités.
Les valeurs cycliques très dépendantes de la conjoncture ont beaucoup souffert. Lafarge abandonnant 6,39% à 23,86 euros, Saint-Gobain 5,48% à 28,71 euros et Michelin 4,28% à 43,16 euros.
Technip a résisté (-0,71% à 64,78 euros) après avoir annoncé sa plus grosse acquisition depuis dix ans avec le rachat de l'américain Global Industries, spécialiste des services pétroliers sous-marins.