Les consommateurs sont partis mercredi à la chasse aux doudounes, cachemires et autres sacs à main au premier jour des soldes d'hiver, pour profiter de rabais bienvenus en temps de crise, mais pas toujours aussi nombreux que certains commerçants ne l'espéraient.
Les contraintes pesant sur le budget des ménages, donc leur besoin de saisir de possibles bonnes affaires, auguraient d'un bon démarrage, d'autant plus attendu par les commerçants que la neige a perturbé les ventes en décembre.
Les premiers résultats partiels montrent une hausse des ventes d'environ 5%, "ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas non plus le grand rush", selon Jean-Marc Genis, président de la Fédération des enseignes de l'habillement (FEH, chaînes). "Il y a du monde quand même, et les grosses pièces partent".
"Le démarrage est très mou", a rapporté de son côté Charles Melcer, président de la Fédération nationale de l'habillement (FNH, indépendants). "Nous supposons que la pluie freine les ardeurs et que demain ça ira mieux".
Jean-Michel Silberstein, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC), a signalé que leur fréquentation était "légèrement positive" vers 16H00 par rapport à l'an dernier.
Au Printemps Haussmann, le démarrage "est nettement positif", avec une hausse des ventes de 5% sur un an vers 17H00, a indiqué Pierre Pellarey, directeur du grand magasin, où un sac se vendait toutes les 8 secondes.
Dans plusieurs villes de province, les professionnels semblaient satisfaits, comme à Rennes, où le démarrage avait été perturbé par la neige l'an dernier.
A Strasbourg, on constatait "beaucoup de monde dans les magasins et beaucoup d'actes d'achats", selon Pierre Bardet, directeur de l'association de commerçants "Vitrines de Strasbourg".
A Lyon, plusieurs commerçants jugeaient la fréquentation "comparable" à l'an dernier. Pour la patronne de la boutique de prêt-à-porter d'U&I, "ça démarre plutôt bien, c'est constant par rapport à 2010. Mais on voit qu'avec internet, les gens sont sollicités tout le temps. Ce n'est plus le cliché traditionnel des soldes où les clients se battent".
"Il pleut, il fait froid, ça favorise l'e-commerce", a souligné Alexis de Charentenay, directeur général du portail Cashstore (plus d'un millier de sites marchands), citant un bond des commandes dans l'après-midi de 55% par rapport à l'an dernier.
Constat similaire chez La Redoute, qui s'est félicité d'avoir enregistré sur son site internet plus d'une commande par seconde entre 08H00 et 12H00.
Les soldes sont "un moment de fête", mais aussi "aujourd'hui une nécessité budgétaire pour des millions de Français", a jugé le secrétaire d'Etat au Commerce Frédéric Lefebvre, qui a lancé les soldes dans les grands magasins parisiens avec la ministre de l'Economie Christine Lagarde.
A Lille, Michelle Fremaux, 58 ans, a en effet attendu les soldes, car "comme pour beaucoup de monde, en ce moment, financièrement, c'est dur".
Saïd Ali, réceptionniste à Marseille, a lui acheté "une chemise pour le travail. Avec le Smic, le plaisir on n'y pense pas, on ne fait que regarder". Les soldes permettent toutefois à certains de s'offrir des articles de luxe, comme Marie-Geneviève, qui a fait la queue très tôt à Bordeaux devant une boutique de cachemire très connue. "Je savais que l'on faisait passer les clientes par petits groupes de dix et que le choix serait restreint dès le premier jour".
Le temps des soldes n'est cependant pas synonyme de bonne affaire pour tous. "Ils soldent souvent les trucs moches", regrette par exemple Selma, 17 ans, à Marseille.