Le futur avion de chasse F-35, destiné à remplacer une grande partie de la flotte américaine d'avions de combat, est le programme d'armement le plus cher de l'histoire des Etats-Unis, d'autant que sa mise au point chaotique, avec des retards en cascade, fait flamber les coûts.
Les chiffres sont étourdissants: 382 milliards de dollars pour 2.443 appareils.
Avec ce monoplace, dit de "5e génération", doté de capacités furtives pour tromper les radars ennemis, les Etats-Unis espèrent assurer leur suprématie technologique dans les airs pour les décennies à venir, notamment face à la Chine, dont le premier avion furtif vient de faire son baptême de l'air.
Mais à l'instar de l'avion de transport européen A-400M, le F-35 Lightning II ou Joint Strike Fighter (JSF) connaît une gestation difficile.
Conception des programmes informatiques, dessin de l'appareil, intégration des différents systèmes... le coût de l'appareil a presque doublé et atteint plus de 100 millions de dollars, selon le bureau du sous-secrétaire à la Défense chargé des acquisitions, de la technologie et de la logistique, Ashton Carter.
Cette inflation exaspère le secrétaire à la Défense, Robert Gates, parti en guerre contre "la culture de l'argent coulant à flot" pour l'armée. D'autant que le Pentagone est prié de participer à la lutte contre le déficit budgétaire abyssal du pays.
"Le prix actuel du F-35 est particulièrement inquiétant mais si le rythme de production arrive à atteindre le niveau prévu, il peut encore être réduit de façon significative", affirme à l'AFP Richard Aboulafia, analyste aéronautique au cabinet de consultants Teal Group.
Le programme est tout simplement "trop gros pour échouer", remarque-t-il, précisant que la plupart des projets civils ou militaires ces dernières années ont connu retards et dépassements de coûts.
Depuis l'attribution du contrat en 2001 au géant de l'aéronautique Lockheed Martin, une phase de mise au point et d'essais était prévue pour durer dix ans. Elle ne sera pas terminée avant 2016, repoussant d'autant la mise en service de l'appareil.
Une rallonge de 4,6 milliards, portant le budget dévolu à la mise au point de l'appareil à 51 milliards de dollars, a été décidée fin 2010 à l'issue d'un nouvel audit.
Lockheed Martin et ses principaux partenaires Northrop Grumman et BAE Systems développent trois versions de ce chasseur, qui peut aussi bien mener des missions d'attaque au sol que de reconnaissance ou de combat aérien.
Une version est destinée à l'Air Force (F-35A) pour remplacer ses F-16 et A-10, une autre est conçue pour les porte-avions de la Marine (F-35C) pour remplacer une partie de ses F-18 et une troisième à décollage court et atterrissage vertical (F-35B) prendra la suite des F-18 et Harriers vieillissants des Marines.
La version Marines connaît des difficultés "considérables" qui pourraient conduire à un retour à la planche à dessin et à une nouvelle augmentation de la facture, selon Robert Gates.
Le F-35B est donc "en sursis avec mise à l'épreuve pendant deux ans", a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse le 6 janvier.
Si les problèmes ne sont pas résolus d'ici là, le secrétaire à la Défense est partisan d'une annulation pure et simple de la version à décollage et atterrissage vertical.
Dans sa chasse aux économies, il a décidé de reporter l'achat de 124 des 449 appareils prévus d'ici 2016.
Il espère également avoir la peau d'un deuxième moteur, conçu par General Electric et Rolls Royce et destiné à pallier une éventuelle défaillance du moteur de Pratt & Whitney choisi pour équiper le F-35, un programme "inutile", selon lui.