La Grèce va de nouveau s'imposer jeudi au sommet des dirigeants de l'UE, où le Premier ministre Alexis Tsipras plaidera sa cause alors que l'impasse dans les discussions sur le sauvetage du pays ravive plus que jamais le risque d'une sortie de la zone euro.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne débattront aussi des sanctions économiques contre la Russie, et devraient renvoyer au mois de juin leur décision sur leur prolongation, en fonction de l'évolution du conflit en Ukraine.
La Grèce ne figure pas à l'agenda du sommet, mais "c'est le sujet dont tout le monde parle", souligne une source européenne.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a organisé une rencontre entre le Premier ministre Alexis Tsipras, la chancelière allemande Angela Merkel, qui avait refusé de discuter du cas grec lors du précédent sommet mi-février, et le président français François Hollande, a annoncé un porte-parole.
Elle réunira également les présidents de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, et de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
Les négociations sur les réformes exigées d'Athènes pour le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide vitale semblent bloquées. Le Premier ministre de gauche radicale a donc obtenu de porter la discussion au plus haut niveau politique, pour tenter de convaincre de sa volonté d'agir.
- 'Le temps est compté' -
La Grèce, qui doit faire face à des échéances de remboursement importantes, est à court d'argent. Elle demande le versement de la dernière tranche du plan de quelque 240 milliards d'euros dont elle bénéficie depuis 2010, soit un peu plus de 7 milliards. Elle souhaite notamment que la BCE débourse rapidement 1,9 milliard d'euros correspondant à des intérêts sur des obligations.
L'inquiétude devient palpable à Bruxelles et dans les capitales européennes sur les risques d'une sortie de la Grèce de l'euro, volontaire ou par accident.
M. Juncker a réitéré qu'il était "inquiet" et "pas satisfait des progrès réalisés au cours des derniers jours". "Je voudrais que les uns et les autres se ressaisissent", a-t-il ajouté. "Le temps est compté", a estimé le ministre allemand des Finances, le conservateur Wolfgang Schäuble, un des plus critiques à l'égard du nouveau gouvernement grec.
C'est dans ce contexte tendu que le gouvernement grec a fait voter mercredi, avec le soutien de l'opposition, une loi pour aider les plus durement touchés par la "crise humanitaire".
Alexis Tsipras avait surpris mardi en annonçant qu'il se rendrait à Moscou début avril, alors que les relations entre l'UE et la Russie sont au plus bas.
- La question des sanctions -
Les 28 doivent d'ailleurs discuter jeudi soir des lourdes sanctions imposées à Moscou en juillet après le crash du Boeing (NYSE:BA) de la Malaysia Airlines.
Selon un haut responsable européen, ils devraient insister sur le "lien très fort" entre les sanctions et la mise en œuvre complète des accords de paix de Minsk, qui ont permis l'instauration d'un fragile cessez-le-feu.
L'idée est de prolonger les sanctions jusqu'à la fin de l'année, pour coller au calendrier des accords de Minsk. Mais les chefs d'Etat et de gouvernement ne devraient pas prendre de décision, la renvoyant à leur prochain sommet en juin. C'est "l'option la plus probable", a indiqué un diplomate européen.
L'UE va aussi préparer un "plan d'action" pour contrecarrer les "campagnes de désinformation de la Russie" sur le conflit en Ukraine, selon le projet de conclusions du sommet. L'idée est de monter une équipe à Bruxelles pour faire une "veille" des médias russes, repérer les "mensonges flagrants" et informer les Etats membres, auxquels il revient d'agir, a précisé une source européenne.
Autre sujet lié à la crise avec la Russie, le projet "d'union de l'énergie". Donald Tusk veut que la discussion se focalise sur la "sécurité énergétique", notamment pour obtenir plus de transparence dans les contrats gaziers. Mais il se heurte à de fortes réticences, notamment au nom de la souveraineté des Etats dans ce domaine.