Le conglomérat public Dubai World a annoncé mardi une prochaine restructuration de certaines de ses compagnies, dont le géant immobilier Nakheel, après un lundi noir pour les marchés des Emirats arabes unis consécutif à l'annonce des difficultés financières du fleuron de Dubaï.
Dubai World, propriété des autorités de la ville-émirat qui ne bénéficie pas de garanties gouvernementales, a indiqué dans un communiqué que "le processus de restructuration concernera uniquement Nakheel World et Limitless World".
Ce processus "comprendra plusieurs phases dont (...) l'évaluation d'options, parmi lesquelles la vente d'avoirs", a-t-il ajouté.
Le conglomérat a souligné que d'autres filiales comme DP World, troisième opérateur portuaire mondial, et Istithmar World and Ports, qui contrôle les investissements du groupe à l'étranger, n'étaient pas concernées car elles "sont dans une situation financière stable".
"La valeur totale de la dette des compagnies concernées par le processus de restructuration s'élève à environ 26 milliards de dollars, dont environ six milliards relatifs aux soukouks (obligations islamiques) de Nakheel", a précisé Dubai World.
Ce premier communiqué depuis le début de la crise, le 25 novembre, intervient après les sévères chutes des Bourses de Dubaï (-7,3%) et Abou Dhabi (-8,3%), liées à l'annonce par les autorités de Dubaï de leur intention de demander un moratoire de six mois sur la dette de Dubai World. Ce moratoire concerne le paiement, prévu le 14 décembre, de 3,5 milliards USD d'obligations islamiques par Nakheel.
Le gouvernement de Dubaï a cependant dit ne pas garantir la dette de son conglomérat.
"Il est vrai que le gouvernement est le propriétaire (de Dubai World). Mais comme la firme a plusieurs activités exposées à tous genres de risques, la décision avait été prise dès sa création qu'elle ne serait pas garantie par le gouvernement", a dit le directeur du département financier de Dubaï, Abdel Rahman al-Saleh.
Désormais, a-t-il ajouté, "il revient aux créanciers d'assumer une part de responsabilité pour avoir accordé des crédits à la compagnie sur la base de la rentabilité de ses projets et non sur la base de garanties du gouvernement".
L'annonce dimanche par la Banque centrale des Emirats arabes unis de la mise à disposition de liquidités supplémentaires pour consolider le système bancaire et rassurer les investisseurs n'a visiblement pas rempli ce deuxième objectif.
Lundi, les échanges aux bourses de Dubaï et d'Abou Dhabi ont été extrêmement limités, avec une forte offre à la vente et pratiquement aucune demande d'achat.
"On s'y attendait car les marchés ont été paniqués par les informations exagérées des médias occidentaux", a déclaré Hamam al-Chamaa, analyste à la société financière Al-Fajr. "Nous nous attendons à ce que beaucoup de portefeuilles de titres étrangers se retirent du marché".
L'agence de notation financière Moody's a indiqué que la dette de Dubaï ne devrait pas affecter la solidité des finances d'Abou Dhabi, riche en pétrole et qui dispose de larges avoirs à l'étranger, et du gouvernement fédéral des Emirats, dont elle maintient la notation à Aa2.
Une perte de confiance des investisseurs à la suite de cette crise pourrait s'avérer "désastreuse" pour l'économie mondiale toujours convalescente, même si les pertes potentielles sont modestes, a néanmoins estimé Matt Robinson, de Moodyseconomy.com.
Pour le moment, les craintes d'une propagation mondiale de la crise émiratie se sont atténuées avec le rebond lundi des Bourses européennes et asiatiques, qui avaient plongé en fin de semaine dernière.
A New York, le baril de pétrole a aussi ouvert en recul, sous les 76 dollars, les craintes paraissant s'apaiser.
La Bourse de Koweït rouvre mardi et le marché saoudien, le plus important en termes de capitalisation, samedi.