Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé jeudi que le Portugal était désormais confronté à des risques accrus dans la réalisation de son programme de redressement financier, notamment en raison d'une contestation sociale en forte hausse.
"Les risques pesant sur les objectifs du programme se sont nettement accrus" et "la résistance politique et sociale à l'ajustement a augmenté", s'est inquiété le FMI dans un rapport d'étape sur la mise en oeuvre du plan d'aide internationale de 78 milliards d'euros, accordé au Portugal en mai 2011.
Le programme "reste globalement sur la bonne voie", ont toutefois conclu les experts du FMI à l'occasion de leur cinquième mission d'évaluation trimestrielle.
Le FMI a notamment expliqué que la hausse du chômage, dont le taux devrait avoisiner les 16% à la fin de l'année, la baisse des recettes fiscales et une forte poussée du mécontentement social avaient singulièrement compliqué la situation.
"Les choix politiques difficiles qui doivent être fait mettent à l'épreuve le large consensus politique qui existait jusqu'à présent", a ainsi noté le FMI.
"Préserver ce consensus, préserver le soutien au programme va être très important", a commenté le chef de la mission du FMI au Portugal Abebe Selassie au cours d'une conférence téléphonique depuis Washington.
Le renforcement des mesures d'austérité, qui entraînera une troisième année de récession, avec un recul estimé à 1% du PIB l'an prochain, a en effet déclenché un flot de critiques de la part de l'opposition de gauche et provoqué de vives tensions au sein de la coalition de droite au pouvoir. De son côté, le principal syndicat portugais a appelé à une grève générale le 14 novembre.
Les critiques se sont amplifiées avec la présentation en début de semaine dernière du budget 2013, d'une rigueur exceptionnelle, prévoyant des économies de 5,3 milliards d'euros marquées par une nouvelle hausse généralisée des impôts.
"Nous sommes conscients que de lourds sacrifices ont été consentis par les Portugais et que le budget pour 2013 implique davantage de sacrifices", a souligné M. Selassie.
"Alors que le programme est presque à mi-parcours, peu d'options demeurent pour un ajustement facile", a estimé le FMI, qui a également mis en garde contre les conséquences que la crise de la zone euro risque d'avoir sur le Portugal dans une conjoncture de ralentissement de l'activité économique.
"L'économie (portugaise) restera en récession dans la première moitié de 2013 et le chômage continuera d'augmenter alors qu'il a déjà atteint des niveaux élevés", a noté le FMI.
"La réussite du programme dépendra aussi du soutien extérieur (...)", a estimé le Fonds tout en rappelant "l'engagement des leaders européens à soutenir le Portugal jusqu'à son retour sur les marchés", prévu en principe pour septembre de l'année prochaine.
Dans ce contexte, le FMI a rappelé que la troïka (FMI-UE-BCE), représentant les bailleurs du fonds du Portugal avait, à l'issue de sa dernière évaluation en septembre dernier, accepté d'alléger les objectifs de réduction du déficit budgétaire, revu pour cette année à 5% du PIB (contre 4,5%), à 4,5% en 2013 (contre 3%), puis 2,5% en 2014.
Cette révision entraîne des besoins de financement supplémentaire que le Portugal compte satisfaire en empruntant à court terme sur les marchés. En revanche, sa dette publique devrait désormais culminer en 2014 à 124% du PIB. "La trajectoire de la dette est plus élevée, mais elle reste maîtrisable", a toutefois estimé M. Selassie.
Le FMI a néanmoins souligné que les progrès accomplis avaient contribué à une baisse des taux d'intérêts de la dette portugaise à long terme et à une augmentation sensible des exportations, actuellement l'unique moteur de l'économie du pays.
"D'une manière générale, nous reconnaissons que de grands progrès ont été accomplis", a commenté M. Selassie, estimant que "les deux tiers de l'ajustement seraient réalisés à la fin de 2012".
La veille de la publication de son rapport, le FMI a annoncé le versement au Portugal d'une nouvelle tranche d'aide d'environ 1,5 milliard d'euros qui porte à 21,8 milliards d'euros le montant total versé par l'institution dans le cadre du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros.