Michel Lacoste, président jusqu'au mois dernier du groupe français de prêt à porter familial, a jugé dimanche "très théorique" le scénario d'une riposte de sa fille Sophie pour empêcher la prise de contrôle de la célèbre griffe au crocodile par le groupe suisse Maus Frères.
Maus, qui détient déjà 35% de Lacoste, s'est en principe adjugé 30,3% supplémentaires grâce aux parts de Michel Lacoste et d'autres descendants du célèbre tennisman "mousquetaire". Mais les actionnaires familiaux qui n'ont pas participé à l'accord, dont l'actuelle présidente Sophie Lacoste-Dournel, disposent d'un droit de préemption, c'est-à-dire d'achat prioritaire.
"C’est très théorique", estime Michel Lacoste dans un entretien au Journal du Dimanche. "Nous sommes convaincus que d’autres membres de notre famille vont céder leurs actions aux Maus. C’est la meilleure façon de soutenir la marque à la veille de ses 80 ans. L’agitation va retomber", assure-t-il.
Quant à l'hypothèse de l'irruption d'un tiers comme le groupe de luxe PPR qui profiterait des dissensions familiales pour prendre le contrôle de la marque, libre à lui "d’entrer dans le jeu, mais cela risque de lui coûter très cher", avertit-il.
Michel Lacoste indique en effet que les quelque 30% du capital vendus à Maus --incluant aussi les parts de son frère François, de deux nièces et leurs enfants-- ont été vendus "dans la fourchette haute" des 300 à 400 millions d'euros évoqués jusqu'à présent, ce qui gonfle la valorisation du groupe Lacoste autour de 1,2 milliard d'euros.
Annoncé vendredi, l'accord mené par Michel Lacoste et ses alliés familiaux a marqué un net revirement de la position de l'ex-président de la marque, évincé le 24 septembre de son poste, et qui jusque-là accusait Maus de jouer sur les divisions familiales pour prendre le contrôle du groupe.
"Il est devenu clair que le clash (avec sa fille Sophie) était irrémédiable", se justifie-t-il au JDD, estimant ne pas avoir voulu "mettre en péril" l'entreprise. "Nos querelles perturbaient le travail de ses équipes", fait-il valoir.
Maus Frères, déjà détenteur de 35% du capital, était entré au capital de Lacoste en 1998, en rachetant le groupe Devanlay, partenaire de la fabrication mondiale des vêtements frappés du célèbre crocodile vert, et s'était vu attribuer l'année suivante la licence mondiale de la marque pour les vêtements.