Standard and Poor's voit une probabilité "faible" de voir les Etats-Unis faire défaut sur leur dette et tomber au plus bas de l'échelle, affirme lors d'un entretien avec l'AFP vendredi un analyste de l'agence de notation, Nikola Swann.
Q: Standard and Poor's parle explicitement d'une menace extrêmement grave, celle de voir la note de la dette des Etats-Unis tomber au plus bas de l'échelle. Pourquoi?
R: "Nous avons mentionné que c'est une possibilité. Nous avons pensé que c'était utile de clarifier notre position. Il y a eu des commentaires dans la presse et ailleurs sur l'idée que si le Trésor manquait un paiement sur une obligation à cause du plafond de la dette et que c'était réparé en l'espace d'une semaine ou deux, peut-être ça ne serait pas traité comme un défaut de paiement. C'est ce que certains disaient. Nous voulons être clairs là-dessus: pour nous ce serait un défaut. Et si l'Etat manque un seul quelconque paiement, alors la note descendra à 'défaut sélectif', à savoir 'SD'. Cependant, nous voyons toujours une probabilité plutôt faible que cela arrive. Nous pensons qu'elle a augmenté un peu dernièrement, mais nous pensons toujours qu'elle est faible.
Q: Vous estimez la probabilité que les Etats-Unis perdent leur "AAA" (la meilleure note possible) à plus de 50%. Comment parvenez-vous à ce chiffre?
R: "Quand nous parlons de la probabilité qu'une note change, ce ne sont pas des chiffres qui viennent d'un modèle mathématique. Nous essayons seulement de donner une idée de notre pensée.
Q: Cela implique-t-il un jugement politique, pour vous qui êtes des analystes financiers?
R: "Nous voyons cela comme faisant partie de notre métier d'analyser la vie politique dans le cas de la notation des Etats. Nous devons faire un jugement analytique sur ce qu'est la situation politique aux Etats-Unis. Dans ce contexte, le principal facteur de notre décision sur la note est politique.
Q: N'est-ce pas trop subjectif?
R: "C'est vrai que cela implique un montant important de jugement qualitatif. D'un autre côté, vous pourriez être surpris de voir quelle part de jugement qualitatif est prise en compte quand nous nous penchons sur certains pays.
Q: Vous parlez à l'exécutif parce que c'est lui que vous notez, mais parlez-vous aussi aux parlementaires impliqués dans les discussions budgétaires actuelles?
R: "Dans le cas des Etats-Unis comme dans le cas de tout Etat que nous notons, nous dialoguons généralement avec à la fois des membres du gouvernement et de l'opposition, et divers observateurs dans le secteur privé.
Q: Si la note des Etats-Unis descend à "SD", même pendant un ou deux jours, les conséquences sont inimaginables. Certains créanciers vendraient en urgence la dette des Etats-Unis qu'ils détiennent. Quelles conséquences cela aurait-il pour votre travail de notation?
R: "Nous ne spéculons par sur les répercussions sur les marchés de nos décisions de notation. Bien sûr nous sommes attentifs à la façon dont évoluent les coûts de l'emprunt pour le Trésor. Mais au-delà de cela, nous ne faisons pas de commentaires sur les répercussions potentielles de nos décisions".