L'engagement du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi à préserver l'euro a été salué jeudi par les Bourses et le marché de la dette en Europe où les taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne sont repassés sous la barre des 7%.
A la clôture, Madrid s'est même envolée de plus de 6% et Milan de plus de 5%. Paris a gagné plus de 4%, tandis que Francfort progressait de 2,75% et Londres d'un petit 1,36%.
De son côté, à Wall Street, le Dow Jones et le Nasdaq prenait autour de 1% dans la première partie de séance.
"La BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro. Et croyez-moi, ce sera suffisant", a déclaré à Londres Mario Draghi, tout en soulignant également que l'institution avait aussi pour mission de réagir à l'envol des taux d'emprunt.
"Le marché espère que cela signifie que la BCE s'apprête à devenir plus offensive dans son combat contre la crise" sur le continent européen, ont indiqué les analystes de Charles Schwab.
Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne a directement profité des propos de la BCE sur le marché obligataire, puisqu'il est passé sous les 7%, pour la première fois depuis le 19 juillet, après avoir atteint un record depuis la création de la zone euro à 7,7% mercredi.
De même, le taux de l'Italie tombait près des 6%, un niveau qui n'a pas été enfoncé depuis le 20 juillet.
L'euro a également bénéficié de l'embellie et valait 1,2279 dollar à 18H50 (16H50 GMT) contre 1,2153 dollar mercredi soir.
M. Draghi a laissé entendre que la BCE pourrait agir sur le marché de la dette, en reprenant par exemple ses rachats d'obligations publiques. Ces interventions sur le marché secondaire (là où s'échangent les titres déjà émis), sont à l'arrêt depuis la mi-février.
Pour Cyril Regnat, stratégiste obligataire de Natixis, "rouvrir le programme de rachat de dette par la BCE serait la meilleure nouvelle pour les marchés", puisqu'il a l'avantage de se faire sans contrepartie douloureuse pour l'Espagne.
Le ministre français de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a aussitôt salué ces déclarations, les jugeant "tout à fait positives".
Depuis quelques jours, les difficultés budgétaires de l'Espagne alimentent à nouveau toutes les craintes et en particulier celle d'un sauvetage global du pays, qui deviendrait inévitable si l'envolée des taux devait se maintenir dans la durée.
"Demain (vendredi) sera la journée vraiment test pour voir jusqu'à quel point les marchés sont été convaincus par Draghi", a toutefois mis en garde Ishaq Siddiqi, analyste d'ETX Capital. D'autant que les investisseurs seront nerveux dans l'attente de la publication de la première estimation du produit intérieur brut américain pour le second trimestre.
Les marchés n'oublient pas pour autant la situation en Grèce où les discussions en cours avec les bailleurs de fonds internationaux sur le plan d'économies devraient se prolonger "jusqu'en septembre", a annoncé le Fonds monétaire international (FMI).
La Grèce restera dans la zone euro à condition qu'elle fournisse "des résultats, des résultats, des résultats" à ses créanciers, a martelé le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à Athènes.
Enfin, au chapitre des nouvelles rassurantes, l'Irlande, sous assistance financière internationale, a franchi une nouvelle étape vers son retour sur les marchés.
Le pays a levé jeudi 4,19 milliards d'euros à 5 et 8 ans pour sa première émission à long terme depuis septembre 2010, l'opération ayant également permis d'échanger 1,04 milliard de dette supplémentaire.