Plébiscitée par les salariés et seule en lice après le retrait de son concurrent, l'offre de reprise du Monde par le trio Bergé-Niel-Pigasse est examinée lundi par le Conseil de surveillance, un vote historique pour l'avenir du journal.
Le week-end a été ponctué de tractations entre candidats à la reprise et membres du Conseil de surveillance, chacun devant compter ses alliés et les possibles votes parmi les 20 voix du Conseil.
L'offre des hommes d'affaires Pierre Bergé et Xavier Niel (Free) et du banquier Matthieu Pigasse (Lazard) part favorite après le vote massif en sa faveur de toutes les sociétés de personnels du groupe. Mais, malgré les neuf voix représentant les salariés, elle n'est pas assurée de réunir les 11 suffrages nécessaires, selon des sources internes au Conseil.
Après le vote des personnels, chacun s'attendait à un retrait de l'offre concurrente, comme s'y était engagé, en cas d'opposition de la rédaction, le patron du Nouvel Observateur Claude Perdriel, associé à Orange et à l'espagnol Prisa.
Il a finalement maintenu son offre avant d'assurer qu'il la retirerait lors du Conseil. Son allié, France Télécom, a dégainé le premier en annonçant dès lundi matin son retrait quelle que soit la décision du conseil.
Si le Conseil de surveillance ne devait pas se prononcer ce lundi, un report du vote est théoriquement possible au jeudi 1er juillet, une nouvelle réunion du conseil étant prévue ce jour-là.
"Le conseil de surveillance a toujours été le théâtre d'affrontements entre d'un côté les administrateurs internes, principalement les journalistes, de l'autre les actionnaires extérieurs, comme Lagardère, Prisa ou Jean-Louis Beffa", résume un familier du dossier.
"Choisir un repreneur est une chose, négocier en exclusivité avec lui en est une autre", souligne cette même source, ajoutant : "Les actionnaires externes sur les aspects techniques seront donc exigeants, quel que soit leur vote, contrairement aux journalistes qui ont exprimé un choix plus politique".
Parmi les représentants des actionnaires "externes", on trouve pêle-mêle Pierre Lescure, ancien patron de Canal+, aujourd'hui directeur de théâtre, Etienne Pflimlin, président du Crédit Mutuel, Jean-Louis Beffa, de chez Lazard (la même banque d'affaire que Matthieu Pigasse).
Guillaume Sarkozy, frère du Président de la République, est également membre du Conseil comme délégué de l'organisation de retraite Médéric. Il devait toutefois donner son pouvoir au président du Conseil, Louis Schweitzer, pour éviter tout risque de confusion des genres.
La réunion de lundi se déroule en deux temps, d'abord le conseil de Le Monde Partenaires et Associés (LMPA), puis celui de Le Monde Société anonyme (LMSA). LMPA contrôle 60% de LMSA, qui coiffe la société éditrice du quotidien et de ses autres filiales (Télérama, La Vie, Courrier international).
Une fois le repreneur choisi, celui-ci devra avancer 10 millions d'euros pour pallier les difficultés de trésorerie du groupe de presse et engager aussitôt des négociations exclusives sur la recapitalisation qui se concluraient à la fin de l'été.