La banque franco-belge Dexia, passée à deux doigts de la faillite en 2008, a décidé vendredi d'accélérer son programme de cession d'actifs risqués, ce qui va plomber ses comptes cette année mais devrait lui permettre de tourner enfin la page de la crise financière.
Le groupe va "accélérer sa restructuration", avec "des cessions anticipées d'actifs" concentrées sur l'année 2011 et le premier semestre 2012, selon un communiqué.
Ces cessions, qui concernent notamment des actifs immobiliers aux Etats-Unis mais aussi le portefeuille obligataire, devaient normalement intervenir seulement d'ici fin 2014, selon un plan négocié l'an dernier avec la Commission européenne.
Mais Dexia souffre des "fluctuations erratiques" de ces portefeuilles, qui ont encore éclipsé au premier trimestre les bonnes performances de ses activités commerciales.
"Nous avons décidé de nous donner les moyens de nous libérer du poids des activités financières héritées du passé", a commenté l'administrateur délégué de Dexia, Pierre Mariani, lors d'une conférence de presse téléphonique.
Cette libération a un prix: la banque va passer dans ses comptes du deuxième trimestre une charge exceptionnelle de 3,6 milliards d'euros, pour couvrir la perte de valeur de certains des actifs sur le marché et les coûts estimés de leur vente accélérée.
Dexia redeviendra "profitable de manière importante au troisième trimestre", mais elle sera dans le rouge sur l'ensemble de l'exercice 2011, a prévenu Pierre Mariani, tout en estimant que la perte serait "sensiblement inférieure" au montant de la charge exceptionnelle.
Selon lui, la banque a accumulé suffisamment de réserves pour absorber le choc tout en conservant "une solvabilité élevée": son ratio de fonds propres (Tier one), qui atteignait 13,4% fin mars, est attendu à 11% fin juin et au-dessus de 12% en fin d'année.
Et l'annonce semblait appréciée à la Bourse de Bruxelles, où l'action gagnait plus de 7% vers 14H00 GMT.
Dexia avait été frappée de plein fouet par la crise financière à l'automne 2008.
Pour lui éviter la faillite, la Belgique, la France et le Luxembourg l'avaient renflouée de 6,4 milliards d'euros, les deux premières se retrouvant de facto avec plus de la moitié du capital, et lui avaient apporté des garanties publiques.
La facture avait aussi été allégée par les Etats-Unis: selon des documents publiés récemment, Dexia détient le record mondial des emprunts d'urgence contractés auprès de la Réserve fédérale américaine durant la crise, avec un pic à 33,5 milliards de dollars le 12 novembre 2008.
Pour compenser les distorsions de concurrence, la Commission européenne avait exigé de Dexia une importante restructuration et notamment une réduction de son bilan de 35% entre fin 2008 et fin 2014.
Pierre Mariani a affirmé vendredi que contrairement à des informations parues récemment dans la presse, l'accélération de ces cessions ne résultait pas de pressions de la Commission.
"J'ai toujours dit que si des opportunités d'accélération de la transformation se présentaient, nous les saisirions, et c'est ce que nous faisons aujourd'hui", a-t-il dit.
Cela permettra en tout cas de renoncer plus vite que prévu aux garanties publiques dont bénéficiaient encore une partie des actifs à vendre, selon des modalités qui seront négociées "dans les prochaines semaines".
"Les Etats ont approuvé cette orientation tout en réaffirmant leur présence au capital en tant qu'actionnaires à long terme", a assuré Pierre Mariani.