Depuis le mois de mai, en raison d'une restriction de l'offre de crédit immobilier de la part des banques, la progression du nombre de mises en chantier de logements neufs en France connaît une érosion, entraînant une révision à la baisse de la prévision pour l'ensemble de l'année.
"La France a mangé son pain blanc. Les résultats de l'été annoncent très probablement une fin d'année 2011 pas à la hauteur des espérances même si les investisseurs qui achètent pour louer se réveillent afin de bénéficier d'une réduction d'impôt encore favorable", constate auprès de l'AFP Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest et expert du secteur.
Si pour le troisième trimestre, le nombre de mises en chantier s'est élevé à 81.251, en progression de 10,7% par rapport à la même période un an plus tôt selon les chiffres publiés mardi par le ministère du Logement, le rythme de croissance était encore de 35,5% au premier trimestre.
Plus grave, alors qu'habituellement les mises en chantier du 3e trimestre sont supérieures à celles du 2e trimestre, elle sont cette année comparables et inférieures de 15% à celles du premier trimestre.
"Ce sont les premières conséquences des restrictions de l'offre de crédit de la part des banques, affectées par la crise de la dette des Etats, et des inquiétudes des acheteurs potentiels à propos du pouvoir d'achat et de l'emploi", explique M. Mouillart.
Cette "dégradation rapide et importante des perspectives de mises en chantier", incite M. Mouillart à revoir à la baisse ses prévisions pour l'ensemble de l'année 2011: "355.0000, voire peut-être 340.000, contre 360.000 à 365.000 jusqu'à présent".
Ce qui placerait l'année 2011 encore loin de la très bonne année 2007 (415.000), la dernière avant la crise immobilière de 2008.
Au cours des douze derniers mois (octobre 2010 à septembre 2011), le nombre de mises en chantier, avec 353.191 logements commencés, est en augmentation de 19,3% par rapport aux douze mois précédents.
Le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu estime par contre que ces chiffres, toujours en progression, "témoignent de l'efficacité des mesures mises en place par le gouvernement en faveur de l'accession à la propriété et de l'investissement locatif".
L'Ile-de-France dans le "rouge"
Ce sont les chiffres des permis de construire qui inquiètent le plus. Leur nombre a augmenté de 12,7% sur un an pour la période allant de juillet à septembre à 120.394 unités.
"Mais le nouveau dispositif PTZ (prêt à taux zéro)+ qui devait booster de façon considérables le secteur des maisons individuelles est en panne", souligne M. Mouillart.
Pour le seul troisième trimestre, le secteur de "l'individuel pur", celui des maisons individuelles, est en effet en chute de 5,9% sur le trimestre correspondant de 2010.
Par régions, la situation est très contrastée. Alors que les permis de construire progressent fortement sur 12 mois (y compris les constructions sur bâtiment existant) en Alsace (+38,0%), en Bourgogne (+29,4%), en Midi-Pyrénées (+26,3%), en Lorraine (+24,6%) et en Aquitaine (+22,7%), certaines autres ont déjà basculé dans le "rouge" comme la Corse (-16,5%), le Limousin (-14,6%), la Franche-Comté (-4,0%), le Nord-Pas-de-Calais (-2,7%), les Pays de la Loire (-2,1%), Champagne-Ardenne (-0,3%) et même l'Ile-de-France (-3,8%), pourtant la région qui souffre le plus d'un déficit de logements neufs.