François Hollande reçoit mercredi à l'Elysée Mariano Rajoy pour un sommet bilatéral franco-espagnol, alors que Madrid reste au centre des interrogations européennes sur la nécessité ou non d'un plan de sauvetage global du pays.
Ce sommet, organisé une semaine avant le Conseil européen des 18 et 19 octobre, avait été décidé le 30 août lors d'une rencontre à Madrid du conservateur espagnol et du socialiste français, en pleine tourmente de la zone euro.
Le président de la République reçoit son hôte espagnol renforcé par l'adoption la veille à l'Assemblée nationale du traité de stabilité budgétaire européen, à une large majorité, malgré l'hostilité d'une partie de la gauche.
M. Hollande voit dans cette adoption, saluée par Berlin, un succès qui "donnera à la France une capacité supplémentaire de faire entendre sa voix" sur la scène européenne.
Les deux dirigeants se sont retrouvés à l'Elysée vers midi, tandis que des réunions entre des membres des gouvernements des deux pays auront lieu dans les ministères, a détaillé la présidence.
Un déjeuner de travail réunira ensuite tout le monde à l'Elysée avant une conférence de presse conjointe de MM. Hollande et Rajoy, prévue à 14H45.
Lors de cette rencontre, la France et l'Espagne devraient réaffirmer leurs "fortes convergences de vue" en particulier le projet d'union et de supervision bancaires, a indiqué la présidence française.
Elle intervient alors que les ministres des Finances de l'eurogroupe ont lancé lundi leur principal instrument anti-crise, le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui pourra servir à recapitaliser directement les banques de la zone, sans alourdir la dette des Etats.
Ce mécanisme intéresse au plus haut point l'Espagne, très réticente à demander une aide globale en raison des mesures d'austérité qui pourraient lui être réclamées en contrepartie.
Mais le timing et les conditions de la mise en oeuvre du MES laissent ouverte l'éventualité d'un plan de sauvetage pour sortir la quatrième économie de la zone euro de son endettement.
Les Européens toujours divisés
Le débat divise toujours les Européens. Pour la France "c'est aux Espagnols de décider souverainement ce qu'ils ont à faire" mais s'ils demandaient de l'aide "nous considérerions que nous devons apporter notre soutien", a encore réaffirmé M. Hollande le 5 octobre.
L'Allemagne, plus catégorique, considère que "l'Espagne n'a pas besoin d'aide", comme l'a souligné lundi son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble.
Lors du sommet, MM. Rajoy et Hollande devraient aussi afficher leur entente sur la Politique agricole commune (PAC) en réaffirmant qu'elle "ne doit pas être une variable d'ajustement" des politiques budgétaires européennes, et sur la taxe sur les transactions financières.
M. Hollande a souhaité mardi que le produit de cette taxe serve notamment à financer "un fonds européen dédié à la qualification, à la formation des jeunes".
Sur le plan bilatéral, les ministres de l'Intérieur des deux pays, Manuel Valls et Jorge Fernandez Diaz, signeront un accord sur "un plan triennal dans le domaine de la lutte contre le trafic de stupéfiants".
Seront aussi abordées la question des "interconnexions énergétiques et gazières" entre la France et l'Espagne ainsi que "la mise en service de nouvelles liaisons ferroviaires et maritimes", a indiqué l'Elysée.
La situation au Sahel, en Syrie et la coopération méditerranéenne seront également au menu des discussions.
Côté français, six ministres doivent recevoir leurs homologues espagnols : Laurent Fabius (Affaires étrangères) et Bernard Cazeneuve (Affaires européennes), Manuel Valls (Intérieur), Stéphane Le Foll (agriculture), Delphine Batho (Ecologie et Energie) et Frédéric Cuvillier (Transports).