Les ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe) se retrouvent lundi à Bruxelles pour tenter de trouver une solution à la dégringolade de la monnaie commune que l'annonce de leur plan de soutien, la semaine dernière, n'a pas su enrayer.
Les inquiétudes persistantes sur la santé économique et budgétaire de la zone euro ont eu raison de l'apaisement apporté en début de semaine dernière par ce plan d'une ampleur inédite de 750 milliards d'euros destiné aux pays de la zone euro en difficulté.
L'Eurogroupe, qui se réunit à 15H00 GMT lundi, devra chercher des réponses à ce paradoxe: comment éviter que des marchés, affolés dans un premier temps par l'ampleur inattendue des déficits publics dans la zone euro, redoutent désormais tout autant l'effet négatif sur la croissance et la consommation des cures d'austérité décidées pour y remédier.
Cette réunion mensuelle ordinaire sera suivie mardi de la réunion régulière des ministres des Finances de toute l'UE.
La monnaie européenne, tombée vendredi à son plus bas niveau depuis fin octobre 2008 (1,2355 dollar), n'a pas été aidée par un conseiller économique du président américain Barack Obama, Paul Volcker, qui avait évoqué l'éventualité d'une "désintégration" de la zone euro.
Et des informations, pourtant officiellement démenties, selon lesquelles le président français Nicolas Sarkozy aurait menacé de faire sortir la France de la zone euro pour forcer la chancelière allemande Angela Merkel à accepter le plan de sauvetage de la Grèce ont ajouté à l'impression de pagaille.
Pour le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, les marchés se trouvent depuis septembre 2008 dans "la situation la plus difficile depuis la Deuxième guerre mondiale".
Dimanche, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a déploré le retard de l'UE à réagir à la crise grecque: "Si le problème avait été géré en février, le coût aurait été moins important", a-t-il confié à un journal grec.
Mais jusqu'ici l'UE n'a fait avec ses plans de soutien que "gagner du temps pour que les disparités en termes de compétitivité et d'écarts de déficits entre les pays de la zone euro soient réglés", a estimé Mme Merkel.
A cette fin, la Commission européenne a proposé mercredi un contrôle au préalable des projets de budgets nationaux et demandé un arsenal de sanctions accru pour les pays trop laxistes.
Et le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble plaidera "dans les prochains jours" auprès de ses collègues de l'Eurogroupe pour un "programme concerté" de réduction des déficits budgétaires, croit savoir la presse allemande.
Son homologue autrichien Josef Pröll prône lui aussi, dans un entretien à paraître lundi dans Die Welt, la mise en place d'un système de "freinage européen" pour éviter de conclure de nouvelles dettes.
M. Pröll y fait aussi part de son intention d'augmenter la pression sur le Portugal et l'Espagne.
Dans la foulée de la Grèce, ces deux pays ont déjà annoncé mercredi et jeudi de dures mesures d'austérité (baisse des salaires des fonctionnaires en Espagne, hausse de la TVA, surtaxe extraordinaire de 1% ou 1,5% selon le revenu au Portugal).
L'Italie planche elle aussi sur un nouveau tour de vis, comprenant entre autres un gel des salaires des fonctionnaires et des coupes budgétaires.
Samedi à Zagreb, le commissaire européen chargé des Affaires monétaires, le Finlandais Olli Rehn, a tenu à rassurer.
"Nous ferons ce qu'il faudra pour défendre l'euro". Il est important que les marchés comprennent "que nous sommes sérieux dans notre défense de l'euro, et de la stabilité financière au sein de la zone euro", a lancé M. Rehn.