Les députés du Bundestag doivent adopter sans encombre lundi après-midi le dernier plan d'aide à la Grèce, mais la grogne monte parmi les élus sur l'étape suivante: l'augmentation envisagée du volume des mécanismes de sauvetage futurs.
Contrairement à ce qu'avaient indiqué plusieurs sources la semaine dernière, seule la deuxième aide à la Grèce devrait être soumise lundi au vote des 620 membres de la chambre basse du parlement allemand.
Une motion de la majorité signifiant son refus de toute augmentation de la facture allemande pour les mécanismes de sauvetage à venir ne figure finalement pas à l'ordre du jour. Toutefois, un tel texte pourrait encore être introduit à tout moment d'ici la fin de la séance.
Le retrait de cette motion, que les partis concernés tentaient de minimiser lundi, intervient après une réunion des ministres des Finances du G20 à Mexico durant le weekend, où la pression a été accentuée sur Berlin pour consentir à augmenter le volume du "pare-feu" européen, le MES qui entrera en vigueur cette année.
Un porte-parole du groupe parlementaire conservateur (CDU/CSU), le camp de la chancelière Angela Merkel, a évoqué "des réflexions de certains députés", mais selon lui aucune motion n'aurait été formulée.
Le quotidien économique Handelsblatt citait pourtant vendredi des extraits d'un texte qui évoquait "les limites" à poser à l'engagement de l'Allemagne envers ses partenaires. Le porte-parole pour les questions européennes du groupe parlementaire libéral (FDP), Joachim Spatz, a confirmé lundi à l'AFP qu'une motion était effectivement en préparation, mais ne serait peut-être pas votée dès lundi.
Tout au long du weekend les déclarations des uns et des autres sont d'ailleurs venues mettre en garde le gouvernement contre la tentation d'ouvrir encore plus les vannes.
"Nous devons exprimer clairement le fait qu'on ne peut pas mettre de l'argent des contribuables sur la table à l'infini", a ainsi déclaré le président du groupe parlementaire FDP Rainer Brüderle au Wall Street Journal.
Et le ministre de l'Intérieur Hans-Peter Friedrich (CSU) a évoqué la nécessité de fournir "des incitations" à la Grèce pour la motiver à une sortie de la zone euro, déclarations qui lui ont attiré le courroux de plusieurs autres membres du gouvernement mais qui semblent refléter un sentiment croissant au sein de la population allemande.
Un large "STOP" barrait la Une du quotidien Bild lundi, le journal le plus lu d'Allemagne s'insurgeant contre "les milliards" qui partent à Athènes. 62% des Allemands souhaiteraient que le Bundestag fasse barrage à la nouvelle aide pour la Grèce, selon un sondage publié dimanche par l'hebdomadaire Bild am Sonntag.
Sur cette question toutefois les députés vont suivre le gouvernement.
La motion présentée par le ministère des Finances, qui reprend les principales décisions prises la semaine dernière par l'Eurogroupe sur un nouveau paquet de 130 milliards d'euros d'aides à Athènes, devrait être adoptée sans encombre, avec le soutien de deux des trois partis d'opposition: les sociaux-démocrates (SPD) et les Verts.
Ce feu vert aura valeur de mandat pour la chancelière pour ratifier cette nouvelle aide lors d'un sommet à Bruxelles en fin de semaine.
Les 620 députés se réunissent à partir de 14H00 GMT en session extraordinaire pour ce septième scrutin en moins de deux ans sur le sauvetage de l'euro, et la séance débutera par une allocution de la chancelière.
Le nombre de "dissidents", c'est-à-dire de députés de la majorité qui vont voter "non" ou s'abstenir, sera scruté avec attention. Ils étaient quinze lors d'un précédent scrutin en septembre et devraient être une douzaine cette fois-ci.