Les dirigeants de l'UE se retrouvent jeudi en sommet pour doter la zone euro des moyens de résister durablement aux crises financières, mais restent divisés sur les réponses immédiates, au terme d'une année tumultueuse marquée par le sauvetage de la Grèce et de l'Irlande.
La réunion des chefs d'Etat et de gouvernement, la septième de l'année, devait s'ouvrir vers 17h00 (16h00 GMT). Elle s'achèvera vendredi.
"Je voudrais que l'Europe aujourd'hui et demain prouve sa volonté de tout faire pour assurer la stabilité financière de la zone euro", a souligné le chef de file des ministres des Finances de l'Union monétaire, Jean-Claude Juncker.
"Je veux qu'un signal clair et décisif soit envoyé pour l'Europe et aussi pour l'euro", a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel.
Concrètement, la réunion doit permettre d'engager un changement limité du traité en vigueur dans l'Union européenne pour créer un mécanisme permanent de solidarité financière au sein de la zone euro.
Ce changement d'un texte, pourtant en vigueur depuis seulement un an, est une condition posée par l'Allemagne pour accepter de pérenniser un Fonds de secours en faveur des pays en difficulté. Berlin redoute à défaut de se faire sanctionner par sa Cour constitutionnelle.
Un passage du traité, l'article 136 sur le fonctionnement de la zone euro, sera dans ce but élargi l'an prochain.
Lors du sommet, les dirigeants devraient aussi poser des jalons pour finaliser les contours du futur mécanisme.
Echaudée par la crise grecque au printemps, l'UE a déjà mis en place un Fonds de secours de 440 milliards de garanties des Etats, qui expirera mi-2013, dans le cadre d'un dispositif plus large de 750 milliards d'euros en incluant le FMI et l'UE.
Pour lui succéder, il a été décidé de mettre en place un dispositif permanent, afin de rassurer les marchés sur la capacité de réaction de la zone euro. Après la Grèce et l'Irlande, l'Espagne, le Portugal ou la Belgique apparaissent vulnérables aux yeux des marchés.
Principale nouveauté du mécanisme: les banques et fonds privés détenteurs de dette publique pourront contribuer au sauvetage d'un pays en faillite, au cas par cas.
Pour éviter une contagion de la crise, certains responsables veulent aller plus loin. Mais les Européens restent divisés d'une part sur l'opportunité d'augmenter les ressources du Fonds de soutien actuel, comme les moyens de celui appelé à lui succéder.
"Nous avons besoin d'un mécanisme plus large à partir de 2013", a jugé le ministre belge des Finances Didier Reynders, dont le pays préside l'UE. Berlin refuse pour l'instant de l'envisager.
Certains responsables européens, au premier rang desquels le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, veulent de leur côté créer des "euro-obligations", des emprunts d'Etat communs pour mutualiser les risques entre pays et protéger les plus faibles.
Là encore, l'Allemagne, qui jouit de la plus grande crédibilité sur les marchés obligataires, ne veut pas en entendre parler. Et la France estime qu'il est trop tôt pour en discuter.
"C'est le début de la discussion", a toutefois jugé jeudi M. Reynders. "Nous entamons le processus et au bout du compte nous aurons peut-être des euro-obligations", a-t-il estimé.
Dans l'immédiat, le calme précaire revenu sur les marchés doit surtout à l'action de la BCE, qui achète massivement les obligations des pays fragiles de la zone euro.
Pour rassurer sur sa capacité à faire face, l'institut monétaire a décidé jeudi de doubler son capital à 10,76 milliards.
Le sujet devrait être abordé lors du sommet, auquel participe le président de la BCE Jean-Claude Trichet.