Le FMI a tenté samedi de dissiper le flou qui a entouré les débats sur les politiques d'austérité en Europe tout au long de son assemblée annuelle, en appelant à soutenir la croissance sans renoncer à réduire les déficits publics.
La directrice générale du FMI Christine Lagarde a reconnu samedi devant la presse que ce thème avait beaucoup agité les esprits des grands argentiers de la planète, réunis cette semaine à Tokyo. Mais, "en réalité, ce qui a été parfois présenté comme un désaccord" entre le FMI et certains pays, entre autres l'Allemagne, "est une question de perception", a-t-elle estimé.
"Nous reconnaissons tous que des ajustements budgétaires crédibles à moyen terme sont nécessaires dans toutes les économies avancées", a expliqué Mme Lagarde. Mais "le rythme et le type de mesures doivent être évidemment calibrés pays par pays", a-t-elle expliqué.
Et ce n'est pas l'Allemagne qui contredira le FMI sur ce point, a assuré samedi son ministre des Finances Wolfgang Schäuble.
"On peut parler du rythme de la réduction de la dette, mais pas de son principe", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse.
"Nous sommes en accord complet avec le FMI, et notamment avec Mme Lagarde, sur le fait qu'une réduction à moyen terme des niveaux trop élevés de la dette était complètement inévitable", a souligné le ministre allemand. "Il n'y a aucun désaccord à ce sujet", a-t-il insisté.
Mme Lagarde, avait fait sensation jeudi en appelant à accorder à la Grèce deux ans supplémentaires pour lui laisser le temps de remplir les objectifs budgétaires fixés par ses créanciers publics réunis au sein de la Troïka (UE-BCE-FMI).
Le ministre allemand avait alors semblé en prendre ombrage en rappelant, lors d'un débat aux côtés de Mme Lagarde, qu'il n'y avait "pas d'option alternative à la réduction à moyen terme des dettes des Etats qui sont trop élevées".
Renoncer à cet objectif ne fait que "créer de la confusion, mais pas de la confiance", avait-il souligné.
L'une des principales instances dirigeantes du Fonds s'est efforcée samedi de mettre tout le monde d'accord en rappelant la nécessité pour les pays riches de mettre en oeuvre une politique budgétaire bien "calibrée, aussi favorable que possible à la croissance" économique.
Le Comité financier et monétaire du FMI, chargé de définir les grandes orientations politiques du Fonds, a aussi appelé les Européens à agir "sans délai" pour mettre en oeuvre de manière "effective" les armes anti-crise récemment adoptées, une demande exprimée par de nombreux pays hors d'Europe, dont les Etats-Unis.
Citant la naissance du Fonds de secours européen et le nouveau programme de rachat d'obligations de la BCE, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a jugé que ce nouveau cadre institutionnel constituait une "stratégie prometteuse" pour faire face à la crise.
"Ce qui est important toutefois c'est la manière dont elle sera mise en pratique", a-t-il toutefois souligné.
Un point de vue partagé samedi par son homologue français Pierre Moscovici qui a dit espérer par exemple des solutions pour la Grèce et l'Espagne "dans les semaines qui viennent".
Le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, ne parait toutefois pas aussi pressé, jugeant lors d'une conférence de presse, que plus le temps passe, plus cela valide la stratégie retenue par l'Espagne, en dépit des appels du pied de nombreux pays, et du FMI, pour que Madrid se décide rapidement à demander l'aide de ses partenaires européens.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Ollie Rehn, a de son côté recommandé à certains pays européens de faire preuve de souplesse dans leurs politiques d'austérité si le ralentissement économique actuel devait encore s'aggraver.
"Alors que la situation économique mondiale semble faiblir à nouveau, les Etats membres (de l'UE) disposant de marges de manoeuvre budgétaires (...) devraient se tenir prêts à revoir le rythme de la consolidation (budgétaire) si les conditions macro-économiques devaient s'aggraver davantage", a déclaré M. Rehn.
A quelques centaines de mètres du lieu de réunion des grands argentiers de la planète, quelque 200 manifestants ont défilé sans incident samedi aux cris de "Plus de FMI! Le pouvoir au peuple!" dans le quartier chic de Ginza.