Les pays de l'Union européenne se sont mis d'accord dans la nuit de mardi à mercredi sur leurs quotas de pêche pour 2011 qui prévoient notamment des baisses de 18% en moyenne pour le cabillaud, un poisson qui fait l'objet de captures excessives depuis plusieurs années.
Le compromis, qui concerne la mer du Nord et l'Atlantique, a été scellé à l'issue de longues négociations à Bruxelles entre les ministres européens de la Pêche et la commissaire européenne Maria Damanaki.
La réduction globale des possibilités de pêche du cabillaud (aussi connue sous le nom de morue) est de quelque 18%, jusqu'à 50% dans le détroit du Cattégat, entre Danemark et Suède.
"C'est un bon accord dans l'ensemble", s'est réjoui le ministère français de la Pêche, tandis que Pierre-Georges Dachicourt, président du comité français des Pêches, a estimé qu'il n'y avait pour autant "pas à crier victoire".
Deux zones, dans les eaux norvégiennes, ainsi qu'à l'ouest et au sud-ouest de l'Irlande, en mer Celtique et en Manche-ouest, ont notamment obtenu un maintien inchangé de leur quota de cabillaud.
Il baisse de 20% en Manche-est et en Mer du Nord. Mais là, les pêcheurs français ont échappé au pire, les Britanniques ayant renoncé à invoquer un régime préférentiel qui aurait réduit les prises françaises de 44%.
Les quotas ont augmenté de 25% en Mer d'Irlande, là où la Commission proposait initialement une baisse de 50%.
La Commission européenne a dit rester "très préoccupée par l'état des réserves de cabillaud".
Dans l'ensemble, le compromis trouvé "représente un progrès non seulement vers des pêches plus durables, mais aussi vers notre objectif d'un rendement maximum durable pour tous les stocks de poisson commerciaux d'ici 2015", a souligné Mme Damanaki.
Concernant le hareng, des réductions allant jusqu'à 40% ont été décidées à l'ouest de l'Irlande et de l'Ecosse. Le quota de hareng augmente toutefois de 22% en mer du Nord, à la grande satisfaction des pêcheurs français, mais aussi allemands.
Pour Robert Kloos, le secrétaire d'Etat allemand à la Pêche, c'est aussi "le signal qu'une pêche durable peut aussi se traduire en une évolution positive".
Les quotas de sole augmentent aussi jusqu'à 15% dans la Manche.
Par ailleurs, les pêcheurs français ont obtenu un maintien inchangé de leur quota de langoustines dans le golfe de Gascogne, alors que Bruxelles avait proposé une baisse de 15%. Pour le ministère français de la Pêche, c'est "une reconnaissance de leurs efforts pour une pêche plus sélective".
Concernant les stocks pour lesquels on ne dispose pas de données scientifiques, comme le merlan du Golfe de Gascogne, la Commission a accepté une baisse symbolique de 2% au lieu des 15% proposés, "essentiellement pour faire plaisir aux ONG", a commenté M. Dachicourt.
Dans un communiqué, l'une d'entre elles, le WWF, se dit globalement satisfait des décisions, "car, contrairement au passé, elles divergent nettement moins des avis scientifiques".
Le WWF salue également comme un pas dans la bonne direction la décision de suivre les plans de gestion de long terme de certaines espèces déjà en place, ainsi que la décision de "revoir le plan de reconstitution du cabillaud qui ne donne pas de bons résultats à l'heure actuelle".
Pour Greenpeace au contraire, les négociations ont abouti à "un feu vert à la surpêche". "Certaines lignes rouges fixées par la Commission ont été respectées, mais une série importante de quotas restent toujours trop élevés", a commenté Saskia Richartz, de Greenpeace.
"Une fois de plus les craintes pour l'environnement ont été éclipsées par les intérêts politiques et économiques", a affirmé l'ONG Océana.