La banque centrale du Canada est devenue mardi la première d'un pays du G7 en près de deux ans à relever son taux directeur, une décision devenue incontournable malgré l'incertitude en Europe, alors que l'économie canadienne tourne à plein régime.
La Banque du Canada a haussé d'un quart de point son taux directeur pour le porter à 0,50%, après l'avoir maintenu au niveau historiquement bas de 0,25% depuis avril 2009.
La banque centrale a motivé sa décision par le fait que l'économie canadienne a connu "un taux d'expansion vigoureux de 6,1% au premier trimestre" (en rythme annuel), soit deux fois plus qu'aux Etats-Unis, et une accélération par rapport aux 4,9% de croissance au quatrième trimestre.
La hausse du taux n'a toutefois pas été à la hauteur des attentes du marché, qui tablait plutôt sur un relèvement d'un demi-point.
L'établissement a justifié sa prudence en invoquant dans un communiqué "la possibilité d'un nouvel affaiblissement" de la situation économique en Europe, conséquence de la crise de l'endettement dans la zone euro.
La banque a aussi noté que si "la reprise se poursuit à l'échelle du globe", elle "se révèle de plus en plus inégale d'un pays à l'autre" et que dans "la plupart des économies avancées", le désendettement des ménages, des banques et des Etats "modérera le rythme de la croissance mondiale".
"L'accent mis dans le communiqué d'aujourd'hui sur les conditions au niveau mondial n'est pas fortuit et montre qu'après les deux dernières années tumultueuses, les décideurs savent pertinemment que le Canada n'est pas une île", a commenté Grant Bishop, économiste de la banque TD.
Cette hausse du taux directeur, la première depuis juillet 2007, augure d'un resserrement plus prononcé de la politique monétaire dans les prochains mois, même si la banque centrale s'est bien gardée de le dire explicitement, ont estimé la plupart des économistes.
La hausse du taux était la première dans un pays du G7 depuis que la Banque centrale européenne avait relevé le sien en juillet 2008.
Compte tenu que le Canada doit connaître la plus forte croissance du G7 cette année, plusieurs économistes s'attendent à ce que la banque centrale porte son taux directeur à 1,5% d'ici à la fin de l'année, avant d'observer ensuite une pause au moins jusqu'au deuxième trimestre 2011.
Elle devrait rester isolée à court terme, cette perspective restant lointaine pour les banques centrales aux Etats-Unis (Fed), au Japon (Banque du Japon), en Grande-Bretagne (Banque d'Angleterre) ou en zone euro (BCE).
La banque centrale canadienne doit faire sa prochaine annonce sur son taux le 20 juillet.