Le géant européen de l'aéronautique et de défense EADS a relevé vendredi ses prévisions après des résultats en forte hausse au deuxième trimestre, mais ses performances sont assombries par un nouveau retard sur le programme de l'Airbus A350.
EADS a précisé dans un communiqué que la mise en service de ce futur long-courrier est désormais prévue au second semestre 2014, soit un nouveau "retard constaté de trois mois environ". Il comptabilise de ce fait une charge de 124 millions d'euros.
Au deuxième trimestre, le groupe a dégagé un bénéfice net de 461 millions d'euros, contre 121 millions sur la même période de l'an passé, pour un chiffre d'affaires de 13,5 milliards en hausse de 12%.
Cumulés sur les six premiers mois de l'année, le bénéfice net s'établit à 594 millions (+445%) et le chiffre d'affaires à 24,9 milliards (+14%) "porté par une croissance enregistrée dans toutes les divisions", se félicite le groupe.
EADS souligne que les livraisons se sont maintenues à un niveau élevé au premier semestre: 279 Airbus, 198 appareils d'Eurocopter.
Par conséquent, EADS a relevé sa prévision de bénéfice par action (BPA) à 1,95 euro environ contre 1,85 euro précédemment. Il table en outre sur un chiffre d'affaires en progression de 10% environ contre 6% dans sa précédente prévision.
S'agissant de sa principale division, Airbus, la maison mère rappelle que le nombre de commandes brutes devrait être supérieur aux livraisons, entre 600 et 650 appareils. L'avionneur prévoit également de livrer environ 580 avions commerciaux, incluant un objectif de 30 très gros porteurs A380.
Pour autant, en raison de la réparation des fissures apparues dans les ailes de certains super Jumbos, le président exécutif Tom Enders prévient: "je ne m'attends pas à ce que nous atteignions 30 livraisons l'année prochaine" alors que le programme est censé monter en puissance.
EADS reconnaît en outre qu'outre l'A380, la capacité du groupe à exécuter ses autres programmes complexes, l'avion militaire européen A400M et l'A350 XWB, en respectant les engagements pris envers ses clients, induiront "à l'avenir, la performance de l'EBIT (résultat opérationnel avant impôts) reporté et du BPA d'EADS".
"Programme difficile"
"La mise en service de l'A350 XWB a été reportée au second semestre 2014, essentiellement en raison du temps nécessaire à la mise en place de l'automatisation du perçage pour les ailes", justifie EADS. "L'A350 XWB reste un programme difficile, tout délai supplémentaire augmenterait le montant des charges de façon non linéaire", estime-t-il.
"Nos programmes clés, en particulier chez Airbus, font toujours l'objet de notre attention la plus vive. Concernant l'A350 notamment, la maturité des parties livrées pour l'assemblage final est essentielle puisque nous préparons une montée en puissance robuste de la production", a commenté M. Enders.
Au salon aéronautique de Farnborough, mi-juillet, le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier, avait annoncé à l'AFP que le calendrier de livraison du premier A350 pourrait ne pas être respecté. Il évoquait alors "quelques glissements".
Des sources de marché avaient en outre indiqué qu'EADS pourrait passer une provision dès le deuxième trimestre.
L'A350 XWB (Xtra wide body) est la nouvelle famille de gros-porteurs de moyenne capacité d'Airbus. Le programme accusait déjà six mois de retard en raison de problèmes avec des sous-traitants.
Le déroulement du programme reste délicat compte tenu de l'utilisation du composite en grande quantité, un défi industriel pour les constructeurs aéronautiques.
Il doit concurrencer avec le dernier né de Boeing, le 787 Dreamliner et l'autre long-courrier à succès de l'américain le 777.
Boeing devrait ravir en 2012 la place de numéro un qu'occupait Airbus depuis plusieurs années.
Le titre EADS signait la plus forte hausse du CAC 40 vendredi matin à la Bourse de Paris.
A 09H13 (07H13 GMT), l'action s'envolait de 7,76% à 30,41 euros dans un marché en timide hausse de 0,36%.