par Nidal al-Mughrabi et Giles Elgood
JERUSALEM/GAZA (Reuters) - Israël continuera le combat contre les islamistes du Hamas dans la bande de Gaza même quand l'armée aura accompli sa mission première de destruction des tunnels creusés sous la frontière par les activistes palestiniens pour attaquer en territoire israélien, a annoncé samedi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Alors que la télévision israélienne filmait des chars israéliens en train de se retirer de la bande de Gaza, Benjamin Netanyahu a promis de faire payer au Hamas "un prix intolérable" s'il continuait à lancer des attaques contre l'Etat juif.
Selon le dernier bilan donné par les autorités médicales de Gaza, l'opération "Bordure protectrice" lancée par Israël le 8 juillet a fait 1.669 morts côté palestinien, pour la plupart des civils. Israël déplore pour la part 66 morts, 63 soldats et trois civils.
Les échanges de tirs se sont poursuivis samedi, mais dans certains secteurs, des témoins ont dit avoir vu les chars israéliens se retirer en direction de la frontière, tandis que les Palestiniens ayant fui les combats à Beit Lahiya, une ville de 70.000 habitants dans le nord de l'enclave, étaient autorisés à rentrer chez eux.
Israël avait auparavant laissé deviner un ralentissement de son offensive sur Gaza en annonçant qu'il n'enverrait pas de délégation pour les négociations qui doivent se tenir ce week-end au Caire sur une nouvelle trêve.
Le but principal affiché par Israël à Gaza dans l'offensive lancée le 8 juillet dernier était la destruction du réseau de tunnels construits par le Hamas. L'armée israélienne a dit être sur le point d'y être parvenue.
DYNAMITÉS
Plus de 30 tunnels et des dizaines de puits d'accès ont été découverts et sont en train d'être dynamités, a annoncé l'armée.
"D'après ce que nous savons, nos objectifs, principalement la destruction des tunnels, sont en voie d'achèvement", a déclaré un porte-parole l'armée, le lieutenant-colonel Peter Lerner.
Dans un discours retransmis à la télévision, Benjamin Netanyahu a indiqué que Tsahal poursuivrait le combat même après l'achèvement de ce but.
"Après avoir achevé l'opération contre les tunnels, les Forces de défense agiront et continueront à agir, conformément à nos besoins de sécurité et seulement conformément à nos besoins de sécurité, jusqu'à ce que nous ayons atteint notre objectif de rétablissement de votre sécurité, citoyens d'Israël", a déclaré le chef du gouvernement.
Le Hamas a estimé qu'il était absurde pour Israël de revendiquer la destruction de tous ses tunnels. "Netanyahu paiera pour chaque minute passée à poursuivre son agression contre notre peuple", a déclaré un porte-parole du Mouvement de la résistance islamique.
Plusieurs cessez-le-feu entre Israël et le Hamas n'ont pas tenu. Le dernier en date a capoté peu après son entrée en vigueur vendredi, Israël déclarant la trêve rompue après la mort de deux soldats israéliens et la disparition d'un troisième dans une embuscade.
Israël a accusé le Hamas d'avoir enlevé le lieutenant Hadar Goldin, 23 ans, tandis que les Etats-Unis accusaient le Hamas de violation "barbare" de la trêve. Les Nations unies ont été plus prudentes dans leur condamnation du Hamas tout en exigeant la libération de Goldin.
UN DEMI-MILLION DE DÉPLACÉS
Cherchant à dégager sa responsabilité, le Hamas a fait dire par sa branche armée qu'il pensait que ses hommes avaient attaqué une heure avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu vendredi et que, s'ils avaient capturé Hadar Goldin, il était sans doute mort avec ses ravisseurs dans le pilonnage israélien qui a suivi l'embuscade.
Selon un officier de haut cité par Radio Israël, le sort du soldat porté disparu reste inconnu. Selon ce militaire, Goldin a été vu pour la dernière fois près des deux soldats tués par un kamikaze du Hamas, suggérant qu'il pourrait ne pas avoir survécu.
Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Tzachi Hanegbi a déclaré à la télévision israélienne qu'Israël ne pouvait pas faire confiance au Hamas.
"On ne peut pas leur faire confiance pour tenir parole. Ils ne peuvent cesser (de tirer) parce que, pour eux, un cessez-le-feu à ce stade (...) signifierait reconnaître la plus lourde des défaites."
Un retrait unilatéral d'Israël, ont rétorqué les députés du Hamas au Parlement palestinien dans un communiqué, signifierait "qu'il n'a atteint aucun de ses objectifs et serait une défaite sans conteste pour l'armée d'occupation et pour ses dirigeants".
Selon Israël, les Palestiniens ont lancé 74 roquettes samedi par dessus la frontière, dont la plupart sont retombées en territoire israélien sans faire de victimes. Sept ont été détruites par le système antimissile Dôme de fer, notamment au-dessus de Tel Aviv.
Selon le Centre palestinien des droits humains, 520.000 personnes ont été déplacées par les combats, soit plus d'un quart de la population gazaouie.
(Danielle Rouquié pour le service français)