Après avoir évité à l'Italie de "sombrer dans le précipice" en remettant de l'ordre dans les comptes, le chef du gouvernement Mario Monti a promis jeudi des mesures de relance début 2012 alors que l'Italie regagne lentement la confiance des marchés pour refinancer son énorme dette.
"Après le plan (de rigueur) +Sauver l'Italie+, je n'aurais pas d'objections si vous décidiez d'appeler cette nouvelle phase +Croissance Italie+", a déclaré M. Monti lors de sa conférence de presse de fin d'année. Il n'a toutefois pas dévoilé le détail des mesures qu'il entend prendre, alors que la Péninsule est menacée de récession, comme l'a confirmé jeudi la baisse de l'indice mesurant la confiance des entreprises pour décembre.
Le gouvernement prévoit une contraction de 0,4% du PIB l'an prochain et il est pressé de toutes parts pour insuffler de l'oxygène à un pays qui n'a jamais réussi à croître de plus de 1% par an ces 10 dernières années.
Lors d'une nouvelle émission test, l'Italie, troisième économie européenne, a réussi à placer 7 milliards d'euros de titres de dette, mais les taux à plus long terme sont restés très élevés. L'emprunt de référence à 10 ans (échéance 2022) a reculé par rapport à un record de 7,56% le 29 novembre, mais à 6,98% il reste près du seuil des 7%.
M. Monti a jugé ces résultats "plutôt encourageants", tout en insistant sur le fait que "les turbulences financières ne peuvent pas être considérées comme terminées". Pour lui, la crise de la dette est surtout "un problème européen", qui réclame "une réponse solidaire, commune et convaincue" de l'UE.
L'émission de jeudi a eu lieu alors que l'euro était attaqué sur le marché des changes, tombant sous les 1,30, à 1,2883 dollar à 14h00 GMT, son plus bas niveau depuis seize mois, en raison d'un regain d'inquiétudes pour la crise des dettes souveraines alors que les Etats européens auront à emprunter des sommes considérables début 2012.
Pour Alessandro Plateroti, du quotidien économique Il Sole 24 Ore, "les investisseurs (banques, fonds d'investissements, assureurs) perçoivent l'Italie comme plus solide à court terme grâce au plan de réformes et aux mesures de rigueur du gouvernement Monti, mais sont plus prudents sur notre sérieux à long terme".
Après s'être détendus ces dernières semaines, les taux à 10 ans italiens dépassaient de nouveau les 7% jeudi sur le marché secondaire, un niveau jugé insoutenable sur la durée pour l'Italie, qui devra refinancer 450 milliards d'euros de dette en 2012, un cinquième de son endettement colossal de 1.900 milliards (120% du PIB).
Dès son arrivée à la mi-novembre en remplacement de Silvio Berlusconi, dont le gouvernement a été balayé par les scandales et la crise de la zone euro, le gouvernement Monti a entrepris de rassurer les marchés en remettant de l'ordre dans les comptes publics.
Costume gris, ponctuant son discours de pointes d'humour fort éloignées des blagues graveleuses de son prédécesseur, celui qui se plaît dans le rôle de "gendre idéal" s'est félicité d'avoir "restauré la crédibilité de l'Italie".
M. Monti a fait adopter juste avant Noël le troisième plan de rigueur italien en moins de six mois, qui prévoit une réduction du déficit budgétaire pour 20 milliards d'euros, à travers notamment une forte hausse de la fiscalité sur l'immobilier et un durcissement des régimes de retraite.
Mais les grands partis politiques italiens, qui s'inquiètent de l'impact récessif de ce plan, ont réclamé des mesures d'urgence pour doper la croissance.
Le gouvernement planche notamment sur un vaste programme de libéralisations, dès janvier, avec plus d'ouverture à la concurrence dans les transports, la distribution d'essence, mais aussi les secteurs très corporatistes des taxis et des pharmacies, ainsi que sur une forte simplification des procédures administratives.
L'exécutif "fera tout pour éviter les tensions sociales", mais il n'est pas possible de conserver des systèmes "aussi généreux que ceux mis au point dans une période de croissance plus soutenue", a prévenu M. Monti, tout en faisant l'éloge du modèle danois de "flexisécurité".
L'Etat pourrait aussi réduire d'un seul coup la dette de 100 à 150 milliards d'euros en vendant des biens immobiliers de prestige et des participations dans des firmes publiques.