L'année 2012 s'est révélée moins mauvaise que prévu pour le secteur du bâtiment en France, avec une baisse d'activité de 1,2% en volume, mais les nuages s'accumulent sur 2013, avec une perte envisagée de 40.000 emplois et pas de sortie de crise prévue "avant fin 2014".
"Nous ne voyons pas une sortie de crise avant la fin de l'année 2014", a affirmé Didier Ridoret, le président de la FFB, mercredi lors d'une conférence de presse.
Le secteur du bâtiment devrait en effet enregistrer en 2013 un recul de 3,5% de son activité et une perte de 40.000 emplois, dont 15.000 en intérim, par rapport à 2012, selon la principale organisation patronale du secteur.
L'année 2012 a été pourtant un peu moins mauvaise que prévu avec une diminution de l'activité de seulement 1,2% en volume, par rapport à 2011, contre -1,9% envisagé au début de l'année, et une perte de 14.500 emplois (au lieu de 35.000), y compris les intérimaires en équivalents-temps plein, soit une baisse de 1,1%, selon la FFB.
L'accélération de la crise en 2013 va trouver sa source presque exclusivement dans l'effondrement prévu de la construction neuve (-8,9% pour le logement et -4,4% pour les bureaux et autres bâtiments).
Seulement 285.000 mises en chantier de logements neufs - au lieu de l'objectif de 500.000 du gouvernement - devraient démarrer en 2013 contre 310.000 en 2012. Si on rajoute les constructions sur bâtiments existants on arrive à 315.000 en 2013 au lieu de 340.000 cette année, estime la FFB.
"La dégradation a commencé il y a 18 mois avec une taxation accrue des plus-values immobilières et la disparition du prêt à taux zéro (PTZ) pour les acquisitions de logements anciens", explique M. Ridoret.
Le président de la FFB déplore par ailleurs "la stigmatisation rampante du secteur de l'immobilier", certains économistes dénonçant l'"aspect rentier et captation de l'épargne" au détriment de secteurs plus productifs.
Demande une TVA à 5%
Par contre le segment de l'amélioration-entretien, qui représente la moitié du chiffre d'affaires des entreprises, devrait être quasi-stable (-0,5%) par rapport à 2012. Le segment bénéficiera de l'anticipation des travaux de rénovation avant l'augmentation prévue, au 1er janvier 2014, de la TVA spécifique pour ce segment et les HLM qui doit passer de 7% à 10%.
Une mesure à laquelle s'oppose fermement la FFB qui veut que la TVA baisse à 5%, le taux réduit.
"Il n'est pas de bonne politique de répandre de vaines espérances" en affirmant, comme le fait le gouvernement, que la France va construire 500.000 logements neufs, dont 150.000 sociaux, et rénover thermiquement 500.000 autres par an, a affirmé M. Ridoret.
Pour le président de la FFB "seul un taux de TVA très attractif sera capable de faire germer chez nos concitoyens les plus fragiles les espoirs de transition énergétique ou d'un accès plus facile au logement social".
Outre le taux de TVA, la FFB réclame quatre autres mesures: "une réduction de 30 à 22 ans de la durée de détention pour être exonéré des plus-values immobilières, une lutte contre la concurrence déloyale de certaines entreprises étrangères et des auto-entrepreneurs, un différé total du PTZ pendant toute la durée d'amortissement du prêt principal et la mise en oeuvre du Plan bâtiment durable".
Le secteur du bâtiment comprenait, fin 2011, 347.000 entreprises et 1,5 million d'actifs (dont 1,18 million de salariés et 325.000 artisans) et a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires (hors taxes) de 129 milliards d'euros, soit la moitié de celui de l'industrie mais deux fois les activités de banque et assurance.