Une reprise modeste est en marche en France mais la récession laissera des traces durables, le marché du travail restant profondément affecté, selon les nouvelles prévisions de l'OCDE qui table sur une croissance de 2,2% cette année puis 2,1% en 2012.
Le gouvernement français mise de son côté sur une croissance de 2% en 2011 et de 2,25% en 2012.
La croissance "s’est fortement intensifiée et la création d’emplois s’est redressée au premier trimestre", souligne l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans ses perspectives économiques. Elle a été tirée jusqu'ici par la consommation et les exportations, mais l'investissement des entreprises s’accélère actuellement, observe-t-elle.
"Le marché du travail reste profondément affecté", estime toutefois l'organisation, qui s'attend à un taux de chômage de 9,1% cette année et 8,8% l'an prochain.
"Le chômage de longue durée continue de croître" et "le risque d’une aggravation du chômage structurel est important", souligne-t-elle.
Quant au déficit public (Etat, comptes sociaux et collectivités locales), après 7% du PIB l'an dernier, il devrait redescendre à 5,6% cette année avant de refluer à 4,6% en 2012, d'après ses estimations.
Les auteurs du rapport jugent "appropriée" la trajectoire d’assainissement budgétaire suivie par le gouvernement, mais estiment que de plus amples efforts seront nécessaires.
L'OCDE appelle la France à accentuer la baisse des dépenses: "Il sera crucial d'étendre la Révision générale des politiques publiques (RGPP) à tous les niveaux de l’administration publique et de restreindre les dispositifs qui ne sont pas efficaces au regard de leurs coûts".
"De réelles économies pourraient être réalisées sans nuire à la qualité des soins en réduisant la fréquence et la durée des séjours à l’hôpital, en réduisant les coûts administratifs et en développant le recours aux médicaments génériques", prône par exemple l'OCDE.
Pour accroître les recettes, elle plaide pour un relèvement de certaines taxes, comme celles sur les émissions de carbone et la TVA ou pour une nouvelle réduction des niches fiscales.
La France entrant en période pré-électorale, le gouvernement va devoir préciser rapidement comment il entend réduire ses déficits, estime aussi l'OCDE, de manière à ne pas laisser planer l'incertitude "quant à la réalisation de l’assainissement prévu".
La crédibilité budgétaire doit aussi être renforcée grâce à une véritable réforme constitutionnelle, juge l'organisation.
Le gouvernement a dévoilé en mars son projet de "règle d'or" visant à inscrire dans la Constitution le principe d'un retour à l'équilibre des comptes publics lourdement déficitaires de la France, mais l'opposition lui a déjà promis une "déconvenue royale" au Parlement.