La Turquie espère recueillir au moins la moitié des revenus des taxes de transit du gazoduc Nabucco qui entre dans une importante phase de réalisation lundi avec la signature à Ankara d'un accord intergouvernemental, rapporte dimanche l'agence Anatolie.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso doit faire le déplacement dans la capitale turque pour montrer l'importance affichée par l'Union européenne à ce projet visant à réduire la dépendance des Européens vis-à-vis du gaz russe, indique l'agence, citant des sources européennes.
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, dont le pays pourrait être une autre source d'approvisionnement pour Nabucco, est aussi attendu lundi à Ankara, a indiqué le ministère turc des Affaires européennes.
Selon les négociations effectuées entre Ankara et la Commission européenne, la Turquie a renoncé à sa demande de pouvoir prélever 15% du débit du gazoduc.
Ankara a obtenu en revanche la garantie de bénéficier d'importants dividendes fiscaux du gazoduc de 3.300 km de long dont 2.000 km passeront sur son territoire, poursuit Anatolie.
Les Turcs espèrent ainsi pouvoir recueillir entre 50 et 60% des revenus des taxes, soit environ 400 à 450 millions d'euros par an, voire davantage (560 à 630 millions de dollars).
"Il n'y pas eu de demande de prélever 15% du débit car la Turquie, comme les quatre autres pays impliqués directement dans le projet, peuvent en retirer davantage s'ils en ont besoin", a affirmé le ministre turc de l'Energie Taner Yildiz à la chaîne d'information NTV.
Des représentants de Bulgarie, Roumanie, Autriche, Hongrie et de Turquie signeront une accord lundi dans un grand hôtel en présence du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Le projet Nabucco prévoit la construction d'un gazoduc pour transporter graduellement jusqu'à 31 milliards de m3 de gaz par an en provenance d'Asie centrale notamment vers l'UE, en passant par la Turquie et le sud-est de l'Europe.
Nabucco, lancé en 2002, devrait entrer en service en 2014. Son coût est estimé à 7,9 milliards d'euros.
Le Turkménistan, qui dispose d'importants gisement de gaz et, qui jusqu'alors ne s'était pas prononcé formellement sur sa participation au projet, a apporté un précieux soutien à Nabucco vendredi, en annonçant être prêt à s'associer au projet de gazoduc européen.
Le projet Nabucco est en concurrence avec un autre projet de gazoduc, South Stream, développé par le géant russe Gazprom et l'italien ENI, qui doit relier la Russie à la Bulgarie, par la Mer noire.